Halle aux grains
> 12 mai
Un délicieux lutin
GRANDS INTERPRÈTES
Photos par Marco Borggreve
Le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Thierry Fischer propose un programme très riche qui lui permet de valoriser ses qualités et une homogénéité exceptionnelle. Le concert démarre avec la 10e Symphonie, dite la Transcendance, de Mieczyslaw Weinberg qui l’a destinée aux seules cordes. Pas toujours facile d’accès, l’œuvre accroche peu à peu, notamment dans la construction de véritables duos entre violons et violoncelles, des solos de contrebasses servis par des instrumentistes très doués. Avec un clin d’œil, on est dans un «Piccolo chez les cordes! » qui explore tous les sons, toutes les combinaisons de manière jubilatoire.
Le concerto pour violon de Prokofiev est une œuvre d’une grande richesse, qui précède de peu le retour du compositeur en URSS qui l’avait dédiée au violoniste Robert Soetens, un élève d’Ysaÿe. Trois mouvements, Allegro moderato, Andante Assai et Allegro ben marcato, constituent une construction d’apparence classique, en fait très lyrique, permettant aux instrumentistes de l’orchestre de déployer une grande virtuosité en même temps que la partition de la soliste est éblouissante. La violoniste d’origine moldave Patricia Kopatchinskaja se révèle à la hauteur du défi: elle fait corps avec son violon et ensemble ils s’adressent à l’orchestre, au public avec une gestuelle qui souligne l’extraordinaire habileté de l’interprète. Elle danse, elle virevolte, se jouant de toutes les difficultés imaginées par Prokofiev. Alors qu’elle ne l’est plus tout à fait, elle a la grâce d’un elfe, d’une adolescente. Elle soulève l’enthousiasme de la salle et offre deux bis en duo, d’abord avec le premier violoncelliste: ils interprètent ensemble le second mouvement de la sonate pour violon et violoncelle de Maurice Ravel, avant une pièce de Bartok pour deux violons toute en pizzicati, jouée avec «la» premier violon de l’orchestre. Les violons sont devenus «zitter» et on est en plein folklore magyar.
La seconde partie du concert est consacrée à la 7e symphonie de Beethoven. Elle exprime le patriotisme du compositeur au moment où l’empire Habsbourg vacille du fait de Napoléon, héros déchu dans l’imaginaire de Beethoven. L’orchestre au complet déploie le grand jeu avec une jubilation manifeste: les cordes vibrent, les timbales résonnent triomphalement, les cuivres explosent, tandis que les instruments à vent s’en donnent à cœur joie. La salle croule sous les applaudissements. On peut imaginer d’autres interprétations, mais après tout un beau concert peut être apprécié sans nécessairement jouer les comparatistes.
Danielle Anex-Cabanis
Le concerto pour violon de Prokofiev est une œuvre d’une grande richesse, qui précède de peu le retour du compositeur en URSS qui l’avait dédiée au violoniste Robert Soetens, un élève d’Ysaÿe. Trois mouvements, Allegro moderato, Andante Assai et Allegro ben marcato, constituent une construction d’apparence classique, en fait très lyrique, permettant aux instrumentistes de l’orchestre de déployer une grande virtuosité en même temps que la partition de la soliste est éblouissante. La violoniste d’origine moldave Patricia Kopatchinskaja se révèle à la hauteur du défi: elle fait corps avec son violon et ensemble ils s’adressent à l’orchestre, au public avec une gestuelle qui souligne l’extraordinaire habileté de l’interprète. Elle danse, elle virevolte, se jouant de toutes les difficultés imaginées par Prokofiev. Alors qu’elle ne l’est plus tout à fait, elle a la grâce d’un elfe, d’une adolescente. Elle soulève l’enthousiasme de la salle et offre deux bis en duo, d’abord avec le premier violoncelliste: ils interprètent ensemble le second mouvement de la sonate pour violon et violoncelle de Maurice Ravel, avant une pièce de Bartok pour deux violons toute en pizzicati, jouée avec «la» premier violon de l’orchestre. Les violons sont devenus «zitter» et on est en plein folklore magyar.
La seconde partie du concert est consacrée à la 7e symphonie de Beethoven. Elle exprime le patriotisme du compositeur au moment où l’empire Habsbourg vacille du fait de Napoléon, héros déchu dans l’imaginaire de Beethoven. L’orchestre au complet déploie le grand jeu avec une jubilation manifeste: les cordes vibrent, les timbales résonnent triomphalement, les cuivres explosent, tandis que les instruments à vent s’en donnent à cœur joie. La salle croule sous les applaudissements. On peut imaginer d’autres interprétations, mais après tout un beau concert peut être apprécié sans nécessairement jouer les comparatistes.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 17/05/2016 à 19:08, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.