Théâtre Claude Levi-Strauss – Musée du Quai Branly
> 25 septembre
Festa Criolla, la ferveur musicale
Ensemble Elyma – Gabriel Garrido
Photos droits réservés
C’est dans le cadre du festival Caminos, Musiques baroques d’Amérique Latine, qui se tient au Musée du quai Branly en cette fin septembre, que nous avons pu entendre Gabriel Garrido en concert, avec son ensemble Elyma, lors d’un de ses trop rares passages dans la capitale parisienne.
Un mot d’abord de ce festival qui est le fruit de 25 ans d’une remarquable collaboration avec l’Amérique Latine, voulu par Alain Pacquier, directeur général du Couvent à Sarrebourg. Intitulé les Chemins du baroque, cette expérience avait pour but de permettre à tout un pan du répertoire baroque universel né de l’évangélisation en Amérique Latine, de retrouver sa place au sein du monde musical moderne tout en permettant de former des musiciens des différents pays traversés à leur propre répertoire. Ce festival vient donc conclure 25 années de travail et de rencontre, car désormais les musiciens sud-américains sont devenus totalement autonomes et viennent à Paris nous le démontrer.
Festa Criolla est un programme conçu par le chef argentin Gabriel Garrido afin de faire revivre la ferveur si intense et si particulière d’une fête donnée en l’honneur de Notre Dame de Guadalupe dans la ville de Plata, en Bolivie, telle qu’elle pouvait être vécue à la fin du XVIIIe siècle.
La musique que ce programme nous permet d’entendre est un mélange multicolore et luxuriant. Elle est magnifique, poignante, drôle, défie toutes les barrières sociales, ethniques et morales. Le sacré et le profane y communient avec feu. Autour de Gabriel Garrido chanteurs et musiciens font preuve d’une virtuosité bouleversante et joyeuse, faussement désordonnée. Tout est bonheur ici et les larmes n’en sont que plus chaudes. Si l’on sait que c’est dans une rencontre de fer et de sang que fut vécue la découverte de l’Amérique, la résistance des cultures vibre ici au son d’une sensualité libre et ardente.
L’homogénéité de la distribution sert au mieux cette fête amérindienne.
Alicia Berri possède un timbre naturel au pouvoir ensorcelant. Avec la superbe soprano, au timbre chaud Mercedes Hernandez et la complicité de Gabriel Garrido, l’air de dispute autour de la couleur des cheveux de la vierge ramène toutes les querelles religieuses à ce qu’elle devrait être, un instant de drôlerie fougueux et passager. Les chanteurs avec la complicité permanente des musiciens, se livrent à une mise en espace qui ne rend que plus réelles les scénettes auxquelles nous assistons. Ainsi l’entracte (ou plutôt) le faux entracte, où les musiciens discutent entre eux, semblent se réaccorder, où la violiste entre et sort, déplace un pupitre. Tout paraît bien innocent, mais tout est calculé pour mettre en place une joyeuse pagaille que le ténor Jaime Caicompai vient achever. Ce chanteur au timbre charmeur se révèle un véritable acteur. Mais il ne faut surtout pas oublier le baryton Elier Munoz, la soprano Barbara Kusa et le contre ténor Maximiliano Baños et les madrigalistes qui tous nous subjuguent et nous réjouissent par leur bonheur à chanter, danser et partager avec nous cette musique de la vie.
Mais ne nous y trompons pas cette musique profane n’est en rien une musique facile. Et lorsque quittant la place du village, ils entrent dans l’église pour chanter le Salve Regina à 8 voix, les chanteurs vivent l’extase du contrepoint avec une exaltation qui nous transperce. Ils nous révélent que ces compositeurs souvent anonymes possédaient autant de don dans l’expression de la joie comme dans celle de l’affliction que les compositeurs européens.
L’ensemble Elyma a merveilleusement accompagné les chanteurs, partageant avec eux une vraie complicité.
La fièvre des guitares, le cristallin fluide de la harpe se heurtent, s’enlacent, s’unissent avec passion. Le hautbois, le traverso, les bassons, les cornets, les violons, le clavecin, l’orgue et les percussions apportent des couleurs et des climats entre mysticisme et paganisme. L’ivresse n’empêche pas la rigueur. La direction de Gabriel Garrido faite d’enthousiasme et de précision nous transporte vers ces ailleurs.
Monique Parmentier
Un mot d’abord de ce festival qui est le fruit de 25 ans d’une remarquable collaboration avec l’Amérique Latine, voulu par Alain Pacquier, directeur général du Couvent à Sarrebourg. Intitulé les Chemins du baroque, cette expérience avait pour but de permettre à tout un pan du répertoire baroque universel né de l’évangélisation en Amérique Latine, de retrouver sa place au sein du monde musical moderne tout en permettant de former des musiciens des différents pays traversés à leur propre répertoire. Ce festival vient donc conclure 25 années de travail et de rencontre, car désormais les musiciens sud-américains sont devenus totalement autonomes et viennent à Paris nous le démontrer.
Festa Criolla est un programme conçu par le chef argentin Gabriel Garrido afin de faire revivre la ferveur si intense et si particulière d’une fête donnée en l’honneur de Notre Dame de Guadalupe dans la ville de Plata, en Bolivie, telle qu’elle pouvait être vécue à la fin du XVIIIe siècle.
La musique que ce programme nous permet d’entendre est un mélange multicolore et luxuriant. Elle est magnifique, poignante, drôle, défie toutes les barrières sociales, ethniques et morales. Le sacré et le profane y communient avec feu. Autour de Gabriel Garrido chanteurs et musiciens font preuve d’une virtuosité bouleversante et joyeuse, faussement désordonnée. Tout est bonheur ici et les larmes n’en sont que plus chaudes. Si l’on sait que c’est dans une rencontre de fer et de sang que fut vécue la découverte de l’Amérique, la résistance des cultures vibre ici au son d’une sensualité libre et ardente.
L’homogénéité de la distribution sert au mieux cette fête amérindienne.
Alicia Berri possède un timbre naturel au pouvoir ensorcelant. Avec la superbe soprano, au timbre chaud Mercedes Hernandez et la complicité de Gabriel Garrido, l’air de dispute autour de la couleur des cheveux de la vierge ramène toutes les querelles religieuses à ce qu’elle devrait être, un instant de drôlerie fougueux et passager. Les chanteurs avec la complicité permanente des musiciens, se livrent à une mise en espace qui ne rend que plus réelles les scénettes auxquelles nous assistons. Ainsi l’entracte (ou plutôt) le faux entracte, où les musiciens discutent entre eux, semblent se réaccorder, où la violiste entre et sort, déplace un pupitre. Tout paraît bien innocent, mais tout est calculé pour mettre en place une joyeuse pagaille que le ténor Jaime Caicompai vient achever. Ce chanteur au timbre charmeur se révèle un véritable acteur. Mais il ne faut surtout pas oublier le baryton Elier Munoz, la soprano Barbara Kusa et le contre ténor Maximiliano Baños et les madrigalistes qui tous nous subjuguent et nous réjouissent par leur bonheur à chanter, danser et partager avec nous cette musique de la vie.
Mais ne nous y trompons pas cette musique profane n’est en rien une musique facile. Et lorsque quittant la place du village, ils entrent dans l’église pour chanter le Salve Regina à 8 voix, les chanteurs vivent l’extase du contrepoint avec une exaltation qui nous transperce. Ils nous révélent que ces compositeurs souvent anonymes possédaient autant de don dans l’expression de la joie comme dans celle de l’affliction que les compositeurs européens.
L’ensemble Elyma a merveilleusement accompagné les chanteurs, partageant avec eux une vraie complicité.
La fièvre des guitares, le cristallin fluide de la harpe se heurtent, s’enlacent, s’unissent avec passion. Le hautbois, le traverso, les bassons, les cornets, les violons, le clavecin, l’orgue et les percussions apportent des couleurs et des climats entre mysticisme et paganisme. L’ivresse n’empêche pas la rigueur. La direction de Gabriel Garrido faite d’enthousiasme et de précision nous transporte vers ces ailleurs.
Monique Parmentier
Publié le 30/09/2011 à 08:30, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.