Halle aux grains
> 3 avril
Soleils noirs
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photo Pascal Assailly
Tugan Sokhiev, direction
Edgar Moreau, violoncelle
Dimitri Dimitrievitch Chostakovitch est décidément une figure majeure de la musique du XXè siècle. Ses quatuors à cordes, ses symphonies et ses concertos, véritables soleils noirs de la modernité bien-pensante, affichent une intensité dramatique et une force d’évocation rarement atteintes chez ses contemporains.
Ainsi, son premier concerto pour violoncelle de 1959, composé pour Mstislav Rostropovitch, demeure à juste titre un pilier du répertoire.
Edgar Moreau qui fêtait ses vingt ans ce soir là s’en empare avec une implication psychologique et une autorité physique impressionnantes. Doté d’une sonorité symphonique aux couleurs tranchées, d’une aisance lumineuse et d’une respiration ample, il libère toute la violence à peine stylisée de ce cri de révolte. La cadence, plus qu’acrobatique, est étreinte avec fougue et sensualité. Tugan Sokhiev ressent la partition avec la même puissance tragique. Loin d’intérioriser cette violence sarcastique, il la cautionne et, aidé par un Orchestre National du Capitole de Toulouse dont la qualité des pupitres (notamment le cor solo de Jacques Deleplancque) est remarquable, relance admirablement l’engagement déchaîné de son soliste. Follement acclamé, ce dernier ne quitte la Halle aux Grains qu’après avoir déclamé de belle manière la sarabande de la troisième suite pour violoncelle de Jean Sébastien Bach.
La huitième symphonie du maître de Saint Petersbourg est une symphonie de guerre. Composée en 1943, c’est une dénonciation désespérée du totalitarisme en général et du stalinisme en particulier. Tugan Sokhiev l’appréhende avec une expressivité qui en exalte toute la noirceur, tout le désespoir sans en oublier la texture harmonique. Les cordes de son orchestre sont râpeuses, les cuivres hurlants, les vents sarcastiques, les percussions spectaculairement motoriques; tous se plient à des rythmes quasi fanatiques et à une tension qui ne se relâche jamais. Ainsi, c’est un véritable effroi durable qui nait dans le cœur de l’auditoire lors du déchainement de ces visions barbares qui, jamais, ne gomment l’angoisse terrible qui les sous-tend.
Jean-Félix Marquette
Edgar Moreau, violoncelle
Dimitri Dimitrievitch Chostakovitch est décidément une figure majeure de la musique du XXè siècle. Ses quatuors à cordes, ses symphonies et ses concertos, véritables soleils noirs de la modernité bien-pensante, affichent une intensité dramatique et une force d’évocation rarement atteintes chez ses contemporains.
Ainsi, son premier concerto pour violoncelle de 1959, composé pour Mstislav Rostropovitch, demeure à juste titre un pilier du répertoire.
Edgar Moreau qui fêtait ses vingt ans ce soir là s’en empare avec une implication psychologique et une autorité physique impressionnantes. Doté d’une sonorité symphonique aux couleurs tranchées, d’une aisance lumineuse et d’une respiration ample, il libère toute la violence à peine stylisée de ce cri de révolte. La cadence, plus qu’acrobatique, est étreinte avec fougue et sensualité. Tugan Sokhiev ressent la partition avec la même puissance tragique. Loin d’intérioriser cette violence sarcastique, il la cautionne et, aidé par un Orchestre National du Capitole de Toulouse dont la qualité des pupitres (notamment le cor solo de Jacques Deleplancque) est remarquable, relance admirablement l’engagement déchaîné de son soliste. Follement acclamé, ce dernier ne quitte la Halle aux Grains qu’après avoir déclamé de belle manière la sarabande de la troisième suite pour violoncelle de Jean Sébastien Bach.
La huitième symphonie du maître de Saint Petersbourg est une symphonie de guerre. Composée en 1943, c’est une dénonciation désespérée du totalitarisme en général et du stalinisme en particulier. Tugan Sokhiev l’appréhende avec une expressivité qui en exalte toute la noirceur, tout le désespoir sans en oublier la texture harmonique. Les cordes de son orchestre sont râpeuses, les cuivres hurlants, les vents sarcastiques, les percussions spectaculairement motoriques; tous se plient à des rythmes quasi fanatiques et à une tension qui ne se relâche jamais. Ainsi, c’est un véritable effroi durable qui nait dans le cœur de l’auditoire lors du déchainement de ces visions barbares qui, jamais, ne gomment l’angoisse terrible qui les sous-tend.
Jean-Félix Marquette
Publié le 17/04/2014 à 14:22, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.