Halle aux grains
> 20 octobre

Les noces de Stravinski

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Olga Savova et Genady Bezzubenkov
Tugan Sokhiev, direction
Anastasia Kalagina, soprano
Olga Savova, mezzo-soprano
Vasily EFIMOV , Ténor
Genady Bezzubenkov, basse
Chœur du Capitole
Alfonso CAIANI, chef de choeur


Nous avions déjà noté les très fortes affinités de Tugan Sokhiev pour la musique russe en général et celle de Stravinski en particulier. Le concert de ce soir dévolu à ce seul compositeur n’en est que la plus éclatante démonstration.
Pulcinella, ballet chanté en un acte, éloge de la musique de Pergolèse, quintessence de l’art du dialogue instrumental, trouve, sous cette baguette virtuose, outre une précision d’horlogerie et une perfection de la mise en place, une évidence néo-baroque chorégraphique en diable. Cordes et bois sonnent magnifiquement, les chanteurs, surtout la basse Guennady Bezzubenkov et le ténor Vasily Efimov (la mezzo-soprano Olga Savova détimbre facilement dans certains registres), restent dans le même bel esprit néo-classique.
La Symphonie de psaumes met en valeur le beau Chœur du Capitole. Ici, placé derrière l’orchestre, il scande de manière tranchante et déterminée les trois psaumes qui compose cette œuvre à la beauté mystérieuse. L’orchestre, dont les deux pianos de Inessa Lecourt et Robert Gonnella en constituent le centre névralgique, délivre une explosive orgie poétique qui sert au mieux cette glorification musicale.
Dans les Noces, le Chœur du Capitole qui se scinde en deux, hommes et femmes de chaque côté de l’orchestre au sein duquel trônent les quatre pianos de Romain Descharmes, Varduhi Yeritsyan, Guillaume Vincent et Florence Cioccolani, alimente grandement le déluge percussif et barbare de ses partenaires instrumentaux. Les solistes, Olga Savova (ici beaucoup plus à l’aise que dans Pulcinella), Guennady Bezzubenkov, Vasily Efimov et la soprano Anastasia Kalagina chantent dans leur langue et manient humour et ironie pour magnifier ces somptueuses danses rituelles nuptiales. Mais c’est vraiment Tugan Sokhiev qui unit tous ces acteurs avec le souffle de sa direction tendue comme un arc et qui, au final, fait revivre, devant son public ébloui, cette Russie paysane et éternelle.

Jean-Félix Marquette
Publié le 23/10/2012 à 17:42, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.