Orangerie de Rochemontès
> 13 mai
Balade de la Baltique à l’Adriatique
Muza Rubackyté
Photos CV
Le charme de la délicieuse Muza, qui avait séduit les festivaliers de Lagraulet, a encore frappé. Dans le cadre enchanteur de l’Orangerie de Rochemontès, la pianiste franco-lituaniene, connue d’abord pour ses très belles interprétations de Liszt, a proposé un programme plus large, qui lui a permis de faire apprécier les différentes facettes de son talent. Elle nous fait d’abord découvrir 5 petites œuvres de son compatriote Mikalojus Konstantinas Ciurlonis, 3 Préludes et 2 Nocturnes. C’est une sorte de musique paysagère: des vagues refluent, des ruisseaux coulent, herbes et fleurs s’entremêlent dans une paisible mosaïque de couleurs. Un coup de vent et tout bascule dans une sorte de violence. C’est du pur impressionnisme, les musicologues préfèreront sans doute la qualification de post romantique. Peu importe, avec grâce et fougue, Muza est toutes ces représentations et pour un moment nous étions sur les côtes baltes, dans ces paysages pleins de douceur où elfes et fées ne sont jamais loin. On passe ensuite à Alexandre Scriabine avec la Valse no 38 et les 3 études de l’opus 8 (nos 9, 11 et 12). On passe de la douceur au déferlement, l’interprète sert magistralement l’imagination du compositeur par la diversité et la richesse de son jeu. La valse, c’est un peu la contradiction d’un caramel au beurre salé breton: on a envie de la danser et en même temps on est cloué sur place, parce que dépassé par la richesse de la composition.
On passe ensuite à Franz Liszt, d’abord dans ses transcriptions de lieder de Franz Schubert qu’il révérait tout particulièrement: il est difficile d’être deux à la fois et ici on touche la limite de la transcription qui, nécessairement, est marquée par la personnalité de son auteur et s’éloigne de son modèle, avec le risque que plus celui-ci est aimé, plus l’auditeur risque de se sentir frustré. Sans l’ombre d’un reproche à l’égard d’une interprétation toute en finesse et subtilité, j’ai malgré tout éprouvé un petit regret à l’écoute du si bouleversant Roi des Aulnes, dont la simplicité originelle est pour moi plus évocatrice de la tragédie de la mort d’un enfant que les efflorescences lisztiennes.
En revanche, les trois pièces de la deuxième année de pèlerinage sont un moment d’une grande intensité: un bonheur charmant avec les Gondoliere, une tension plus dramatique avec la Canzone et une violence tantôt maîtrisée tantôt carrément explosive avec la Tarantella, finalement à l’image des amours si compliquées de Liszt et Marie d’Agoult. Ovationnée, Muza offre un bis sous la forme de la Valse à Vienne de Schubert, revisitée par Liszt…
Toutes les œuvres avaient été précédées d’une présentation historique et musicologique très solidement documentée dans un emballage plein d’esprit et d’humour, dû à Marc Laborde, le président d’UtMiSol, qui avait entraîné à Rochemontès une vingtaine de membres de l’association.
Bref merci à tous ceux qui sont derrière ce merveilleux dimanche après-midi et en particulier à Catherine Kauffmann-Saint-Martin, la fort dynamique directrice artistique de ce beau projet.
Danielle Anex-Cabanis
On passe ensuite à Franz Liszt, d’abord dans ses transcriptions de lieder de Franz Schubert qu’il révérait tout particulièrement: il est difficile d’être deux à la fois et ici on touche la limite de la transcription qui, nécessairement, est marquée par la personnalité de son auteur et s’éloigne de son modèle, avec le risque que plus celui-ci est aimé, plus l’auditeur risque de se sentir frustré. Sans l’ombre d’un reproche à l’égard d’une interprétation toute en finesse et subtilité, j’ai malgré tout éprouvé un petit regret à l’écoute du si bouleversant Roi des Aulnes, dont la simplicité originelle est pour moi plus évocatrice de la tragédie de la mort d’un enfant que les efflorescences lisztiennes.
En revanche, les trois pièces de la deuxième année de pèlerinage sont un moment d’une grande intensité: un bonheur charmant avec les Gondoliere, une tension plus dramatique avec la Canzone et une violence tantôt maîtrisée tantôt carrément explosive avec la Tarantella, finalement à l’image des amours si compliquées de Liszt et Marie d’Agoult. Ovationnée, Muza offre un bis sous la forme de la Valse à Vienne de Schubert, revisitée par Liszt…
Toutes les œuvres avaient été précédées d’une présentation historique et musicologique très solidement documentée dans un emballage plein d’esprit et d’humour, dû à Marc Laborde, le président d’UtMiSol, qui avait entraîné à Rochemontès une vingtaine de membres de l’association.
Bref merci à tous ceux qui sont derrière ce merveilleux dimanche après-midi et en particulier à Catherine Kauffmann-Saint-Martin, la fort dynamique directrice artistique de ce beau projet.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 18/05/2012 à 09:24, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.