Théâtre du Capitole
> 4 mai
Les Indes galantes
Photos Patrice Nin
Associant le merveilleux, la féérie à une réflexion plus profonde sur leur temps, Rameau et son librettiste Fuzelier proposent une série de 4 tableaux animés, encadrés par un prologue et un épilogue édéniques, avec Hébé, déesse des plaisirs et de la paix, et son contraire, l’agressive Bellone, qui ne rêve que de combats et de gloire. A chaque fois, une histoire d’amour compliquée par un environnement contraire, mais qui finit bien, avec au passage une interrogation, voire un début prudent de prise de position sur le pouvoir, la colonisation… On peut recréer l’œuvre «dans son jus», on peut la transposer dans un autre temps sans problème, mais il est légitime de s’interroger sur les limites…
Que le paradis soit habité par des êtres dans leur plus simple appareil, c’est bien naturel, mais ils ne doivent pas simplement être bien faits, ils doivent faire rêver, or nous n’avons rien eu d’autre qu’un exercice bien long de musculation sans poésie, à l’exception de l’interprétation d’Hélène Guilmette, ravissante dans une tunique arachnéenne, chantant de manière très convaincante la partition d’Hébé, dont elle souligne au passage dans son interview à Robert Pénavayre, qu’elle était délicate compte tenu des efforts physiques qu’on lui avait demandés. L’entrée du Turc généreux devient une scène qui se veut émouvante d’accueil de sans papier, - du déjà vu dans le Zaïde d’Aix en 2008 - on sourit car l’association à la Turquie est pour le moins surprenante. Quant à l’épisode des Incas du Pérou, il se transforme en une sombre affaire de narco-traficants au Nicaragua. L’entrée des Fleurs est prétexte à une représentation de l’exploitation des femmes, sans doute avec l’intention de la condamner, mais il y a quelque complaisance à faire traverser la scène par trois femmes à quatre pattes tenues en laisse comme des chiens, tout comme l’arrivée de femmes en sous-vêtements auxquelles on impose successivement perruque blonde, escarpins rouges et finalement burka. Le dernier épisode, celui des sauvages, sert à dénoncer la déforestation pour produire de l’huile de palme.
On atteint finalement le sommet du convenu et sur des sujets qui méritent largement réflexion et engagement, on n’a rien d’autre que bien-pensance dégoulinante, bref du bobo pur sucre.
Et la musique dans tout cela n’est pas toujours très bien servie; Les Talens lyriques et Christophe Rousset sont corrects, mais sans génie, et les chanteurs semblent un peu écrasés. A côté d’Hélène Guilmette, je retiendrai Vittorio Prato-Osman, qui avait excellé en Figaro dans le Barbier en 2011, et Kenneth Tarver, excellent Valère et Tacmas. Les autres solistes sont plus ternes et le chœur nous a habitués à mieux, à plus de relief.
Qu’on mette l’audace dans les idées, des transpositions sans ambiguïté et que l’on innove réellement. La nudité ne choque plus et c’est tant mieux, mais elle ne contribue plus à rien non plus…
Danielle Anex Cabanis
Que le paradis soit habité par des êtres dans leur plus simple appareil, c’est bien naturel, mais ils ne doivent pas simplement être bien faits, ils doivent faire rêver, or nous n’avons rien eu d’autre qu’un exercice bien long de musculation sans poésie, à l’exception de l’interprétation d’Hélène Guilmette, ravissante dans une tunique arachnéenne, chantant de manière très convaincante la partition d’Hébé, dont elle souligne au passage dans son interview à Robert Pénavayre, qu’elle était délicate compte tenu des efforts physiques qu’on lui avait demandés. L’entrée du Turc généreux devient une scène qui se veut émouvante d’accueil de sans papier, - du déjà vu dans le Zaïde d’Aix en 2008 - on sourit car l’association à la Turquie est pour le moins surprenante. Quant à l’épisode des Incas du Pérou, il se transforme en une sombre affaire de narco-traficants au Nicaragua. L’entrée des Fleurs est prétexte à une représentation de l’exploitation des femmes, sans doute avec l’intention de la condamner, mais il y a quelque complaisance à faire traverser la scène par trois femmes à quatre pattes tenues en laisse comme des chiens, tout comme l’arrivée de femmes en sous-vêtements auxquelles on impose successivement perruque blonde, escarpins rouges et finalement burka. Le dernier épisode, celui des sauvages, sert à dénoncer la déforestation pour produire de l’huile de palme.
On atteint finalement le sommet du convenu et sur des sujets qui méritent largement réflexion et engagement, on n’a rien d’autre que bien-pensance dégoulinante, bref du bobo pur sucre.
Et la musique dans tout cela n’est pas toujours très bien servie; Les Talens lyriques et Christophe Rousset sont corrects, mais sans génie, et les chanteurs semblent un peu écrasés. A côté d’Hélène Guilmette, je retiendrai Vittorio Prato-Osman, qui avait excellé en Figaro dans le Barbier en 2011, et Kenneth Tarver, excellent Valère et Tacmas. Les autres solistes sont plus ternes et le chœur nous a habitués à mieux, à plus de relief.
Qu’on mette l’audace dans les idées, des transpositions sans ambiguïté et que l’on innove réellement. La nudité ne choque plus et c’est tant mieux, mais elle ne contribue plus à rien non plus…
Danielle Anex Cabanis
Publié le 07/05/2012 à 18:04, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.