Halle aux grains
> 14 mars
Le dernier voyage du compagnon Mozart
Pygmalion et Raphael Pichon
Pygmalion, son chef et 4 solistes remarquables, Sabine Devieilhe, soprano, Sara Mingardo, contralto, John Irvin, ténor, et Mahuel Di Pierro, basse, ont proposé une sorte de parcours initiatique centré sur celui de Mozart, franc-maçon et croyant, en le complétant par deux œuvres liturgiques anciennes: un Graduel grégorien, Christus factus est, et le Miserere de Gregorio Allegri, et enfin de Joseph Haydn, Insanae et vanae cura.
De Mozart, on écoute le Maurerischer Trauermarsch, K. 477, le Ne pulvis et cinis, K. Ahn122, pour basse solo et chœur, le Miserere, K. 90, en enfin le Requiem, K. 626, dans la version reprise et complétée, après Süssmayr, par Pierre-Henri Dutron en 2016-2017.
Le concert démarre par le Rituel que le chœur, a capella, propose en se tenant dans une certaine pénombre sur le fond de la scène. Pur et très dépouillé, c’est une mise en situation psychologique remarquable tirant l’auditeur vers l’essentiel, qui se poursuit avec le Miserere, d’Allegri, toujours dans la même configuration, ainsi que le Insanae et vanae curae de Haydn, qui avait repris pour en faire ce motet un air de son Retour de Tobias. C’est une composition très riche qui permet au chœur, à l’orchestre et au chef d’illustrer leur parfaite maîtrise de ce type de partition.
Les œuvres de Mozart ainsi présentées sont une sorte de préparation de l’auditeur, de plus en plus concentré au Requiem. Dans la mesure où Mozart de l’a pas achevé, fauché par la mort avant d’en avoir eu le temps, on peut discuter à l’infini de ce qu’il aurait fait et imaginer des réponses diverses, comme l’a été la première, plutôt médiocre de Sussmayr qui en avait été chargé par Constance. Pierre-Henri Dutron a fait le pari à mon sens magistralement réussi de compléter en se fondant sur toutes les recherches récentes des œuvres de Mozart, ce qui le conduit à une sorte de remodelage des ajouts posthumes dans une quête d’authenticité convaincante. A cette recomposition Raphaël Pichon, Pygmalion et les solistes offrent une interprétation somptueuse et pudique à la fois d’une intense spiritualité. Pas d’effet superflu, mais sobriété et précision sont de mise pour offrir une musique parfaite, que ce soient le Dies irae ou l’émouvant Lacrimosa pour la partie traditionnelle ou l’Osanna du Sanctus ou encore le sublime Lux aeterna de la Communio, s’agissant de la partie retravaillée.
Le challenge était de taille, car l’œuvre est archiconnue, du moins le croit-on et cela suscite des a priori. Si on en avait, ils sont sûrement tombés devant la quasi-perfection de l’ensemble. Ajoutons que le bonheur palpable du chef de diriger des musiciens, des choristes et solistes heureux de s’exprimer renforce si besoin en est l’impression forte que laissent ces quelque 80 minutes de musique sublime.
Danielle Anex-Cabanis
De Mozart, on écoute le Maurerischer Trauermarsch, K. 477, le Ne pulvis et cinis, K. Ahn122, pour basse solo et chœur, le Miserere, K. 90, en enfin le Requiem, K. 626, dans la version reprise et complétée, après Süssmayr, par Pierre-Henri Dutron en 2016-2017.
Le concert démarre par le Rituel que le chœur, a capella, propose en se tenant dans une certaine pénombre sur le fond de la scène. Pur et très dépouillé, c’est une mise en situation psychologique remarquable tirant l’auditeur vers l’essentiel, qui se poursuit avec le Miserere, d’Allegri, toujours dans la même configuration, ainsi que le Insanae et vanae curae de Haydn, qui avait repris pour en faire ce motet un air de son Retour de Tobias. C’est une composition très riche qui permet au chœur, à l’orchestre et au chef d’illustrer leur parfaite maîtrise de ce type de partition.
Les œuvres de Mozart ainsi présentées sont une sorte de préparation de l’auditeur, de plus en plus concentré au Requiem. Dans la mesure où Mozart de l’a pas achevé, fauché par la mort avant d’en avoir eu le temps, on peut discuter à l’infini de ce qu’il aurait fait et imaginer des réponses diverses, comme l’a été la première, plutôt médiocre de Sussmayr qui en avait été chargé par Constance. Pierre-Henri Dutron a fait le pari à mon sens magistralement réussi de compléter en se fondant sur toutes les recherches récentes des œuvres de Mozart, ce qui le conduit à une sorte de remodelage des ajouts posthumes dans une quête d’authenticité convaincante. A cette recomposition Raphaël Pichon, Pygmalion et les solistes offrent une interprétation somptueuse et pudique à la fois d’une intense spiritualité. Pas d’effet superflu, mais sobriété et précision sont de mise pour offrir une musique parfaite, que ce soient le Dies irae ou l’émouvant Lacrimosa pour la partie traditionnelle ou l’Osanna du Sanctus ou encore le sublime Lux aeterna de la Communio, s’agissant de la partie retravaillée.
Le challenge était de taille, car l’œuvre est archiconnue, du moins le croit-on et cela suscite des a priori. Si on en avait, ils sont sûrement tombés devant la quasi-perfection de l’ensemble. Ajoutons que le bonheur palpable du chef de diriger des musiciens, des choristes et solistes heureux de s’exprimer renforce si besoin en est l’impression forte que laissent ces quelque 80 minutes de musique sublime.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 22/03/2018 à 20:38, mis à jour le 07/04/2019 à 20:43.