Mozart Piano Works
Christian Chamorel
Mozart Piano Works. Christian Chamorel, piano. CD Calliope, enregistré en 2017, 69’23’’.
Le pianiste Christian Chamorel, déjà reconnu par la critique hors des frontières de son pays d’origine, la Suisse, souligne en introduction que souvent la musique pour piano seul de Mozart n’est pas prise très au sérieux, ce qu’il déplore et il souligne avec passion l’intérêt de certaines partitions méconnues et peu jouées auxquelles il entend bien redonner la place qu’elles méritent. Sans dédaigner les deux Sonates K. 533/494 et 282, si magistralement enregistrées il y a plus de 25 ans de Brendel et face auquel Christian Chamorel tient la comparaison – on ne résiste pas à la plénitude de son jeu dans l’Adagio de la sonate K. 282 - il offre une lecture extraordinaire des 10 variations K. 455, Unser dummer Pöbel meint. Ces très brèves (1-8) et brèves (9-10) pièces étincellent littéralement sous ses doigts, en même temps qu’elles révèlent une sensibilité délicate et subtile. Rappelons qu’elles sont tirées d’un opéra-comique de Gluck, Die Pilger von Mekka, dans le ton orientaliste du temps. On retrouve ces qualités dans le Rondo en la mineur, K. 511, l’Adagio en si mineur K. 540 et la très courte Gigue en sol majeur.
L’Adagio est une composition très originale qui démarre sur un ton tragique pourse conclure de manière lumineuse en si majeur. Mozart y exprime une sorte d’angoisse douloureuse que le pianiste restitue avec beaucoup de finesse. Schubert jouera lui aussi des deux modes à contre-emploi pour créer une atmosphère douloureuse dans les œuvres composées à la fin de sa vie.
Si on écoute avec attention la petite Gigue en sol majeur, on y trouve des phrases musicales qui préfigurent le dodécaphonisme, de surcroît dans une structure rythmique ébouriffante. Quant au Rondo, que Christian Chamorel n’hésite pas à le qualifier de «chopinien», il est d’une fabuleuse richesse avec ses 182 mesures pour lesquelles Mozart a tout noté, ne laissant aucune place à la moindre improvisation. L’interprète est en quelque sorte obligé de se plier à la consigne, ce qui est assez rare chez Mozart.
Espérons que ce jeune pianiste aura la reconnaissance qu’il mérite et ce serait un bonheur de l’entendre par exemple à Piano aux Jacobins…
Danielle Anex-Cabanis
Visiez le site web de l’artiste
Le pianiste Christian Chamorel, déjà reconnu par la critique hors des frontières de son pays d’origine, la Suisse, souligne en introduction que souvent la musique pour piano seul de Mozart n’est pas prise très au sérieux, ce qu’il déplore et il souligne avec passion l’intérêt de certaines partitions méconnues et peu jouées auxquelles il entend bien redonner la place qu’elles méritent. Sans dédaigner les deux Sonates K. 533/494 et 282, si magistralement enregistrées il y a plus de 25 ans de Brendel et face auquel Christian Chamorel tient la comparaison – on ne résiste pas à la plénitude de son jeu dans l’Adagio de la sonate K. 282 - il offre une lecture extraordinaire des 10 variations K. 455, Unser dummer Pöbel meint. Ces très brèves (1-8) et brèves (9-10) pièces étincellent littéralement sous ses doigts, en même temps qu’elles révèlent une sensibilité délicate et subtile. Rappelons qu’elles sont tirées d’un opéra-comique de Gluck, Die Pilger von Mekka, dans le ton orientaliste du temps. On retrouve ces qualités dans le Rondo en la mineur, K. 511, l’Adagio en si mineur K. 540 et la très courte Gigue en sol majeur.
L’Adagio est une composition très originale qui démarre sur un ton tragique pourse conclure de manière lumineuse en si majeur. Mozart y exprime une sorte d’angoisse douloureuse que le pianiste restitue avec beaucoup de finesse. Schubert jouera lui aussi des deux modes à contre-emploi pour créer une atmosphère douloureuse dans les œuvres composées à la fin de sa vie.
Si on écoute avec attention la petite Gigue en sol majeur, on y trouve des phrases musicales qui préfigurent le dodécaphonisme, de surcroît dans une structure rythmique ébouriffante. Quant au Rondo, que Christian Chamorel n’hésite pas à le qualifier de «chopinien», il est d’une fabuleuse richesse avec ses 182 mesures pour lesquelles Mozart a tout noté, ne laissant aucune place à la moindre improvisation. L’interprète est en quelque sorte obligé de se plier à la consigne, ce qui est assez rare chez Mozart.
Espérons que ce jeune pianiste aura la reconnaissance qu’il mérite et ce serait un bonheur de l’entendre par exemple à Piano aux Jacobins…
Danielle Anex-Cabanis
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Publié le 17/03/2018 à 21:21, mis à jour le 12/05/2019 à 21:33.