Le charme de Mozart
Noa Wildschut
Noa Wildschut, violon. Yoram Ish-Hurwitz piano. Netherlands Chamber Orchestra, direction Gordan Nikolic. Mozart, Concerto pour violon n°5 K. 219, Adagio pour violon et orchestre K. 261, Sonate piano violon n°32 K. 454. CD Warner 67’14
Quand on parle d’œuvres d’art, pourquoi l’adjectif charmant apparait-il péjoratif? Comment cette appréciation s’est-elle affadie au point qu’on en oublie la forte étymologie? Le mot charme vient du latin carmen qui signifie à la fois chant et vers, c’est-à-dire musique et poésie. À ce titre, cet enregistrement d’œuvres pour violon de Mozart s’avère charmant. La jeune virtuose (elle a seize ans) Noa Wildschut, toute à la joie d’enregistrer un premier album, choisit des pièces de Mozart, légères comme oiseaux, ce qui ne veut dire ni mièvres, ni superficielles, ni dénuées d’émotion. L’année 1775 (Mozart a dix-neuf ans) voit la composition des seuls cinq concertos pour violon. Le dernier refuse comme les autres la pure virtuosité et choisit les volutes de la grâce et la tendresse du cœur. Portée par un orchestre vif et spirituel qui partage sa lecture, la violoniste sait sourire dans l’allegro initial, soupirer dans l’adagio plein de mélancolie, soulever et danser dans le dernier mouvement. Le disque fait aussi entendre l’adagio de substitution écrit par Mozart l’année suivante à la demande du violoniste de la cour de Salzbourg Brunetti. Plus grave et recueilli, ce bel épanchement touche-t-il moins? Peut-être! Chacun jugera. Mais nul ne niera l’élégance du phrasé de l’interprète et la discrétion de ses effets expressifs. La sonate pour violon et piano n°32 K. 454 (1784) instaure un vrai dialogue entre les deux instruments égaux en droit et dignité, point d’aboutissement de la réflexion de Mozart pour ce genre musical, commencée sept ans plus tôt avec les sonates dites palatines. On sait gré à la jeune virtuose, malgré l’ampleur de ses moyens, de ne pas tirer la couvertureà soi et de respecter l’équilibre voulu par le compositeur, preuve d’une précoce et rassurante maturité.
Le DVD joint composé d’instants de l’enregistrement et de deux entretiens n’ajoute rien à l’ensemble, pas plus que la notice d’accompagnement un rien nunuche.
Jean Jordy
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Quand on parle d’œuvres d’art, pourquoi l’adjectif charmant apparait-il péjoratif? Comment cette appréciation s’est-elle affadie au point qu’on en oublie la forte étymologie? Le mot charme vient du latin carmen qui signifie à la fois chant et vers, c’est-à-dire musique et poésie. À ce titre, cet enregistrement d’œuvres pour violon de Mozart s’avère charmant. La jeune virtuose (elle a seize ans) Noa Wildschut, toute à la joie d’enregistrer un premier album, choisit des pièces de Mozart, légères comme oiseaux, ce qui ne veut dire ni mièvres, ni superficielles, ni dénuées d’émotion. L’année 1775 (Mozart a dix-neuf ans) voit la composition des seuls cinq concertos pour violon. Le dernier refuse comme les autres la pure virtuosité et choisit les volutes de la grâce et la tendresse du cœur. Portée par un orchestre vif et spirituel qui partage sa lecture, la violoniste sait sourire dans l’allegro initial, soupirer dans l’adagio plein de mélancolie, soulever et danser dans le dernier mouvement. Le disque fait aussi entendre l’adagio de substitution écrit par Mozart l’année suivante à la demande du violoniste de la cour de Salzbourg Brunetti. Plus grave et recueilli, ce bel épanchement touche-t-il moins? Peut-être! Chacun jugera. Mais nul ne niera l’élégance du phrasé de l’interprète et la discrétion de ses effets expressifs. La sonate pour violon et piano n°32 K. 454 (1784) instaure un vrai dialogue entre les deux instruments égaux en droit et dignité, point d’aboutissement de la réflexion de Mozart pour ce genre musical, commencée sept ans plus tôt avec les sonates dites palatines. On sait gré à la jeune virtuose, malgré l’ampleur de ses moyens, de ne pas tirer la couvertureà soi et de respecter l’équilibre voulu par le compositeur, preuve d’une précoce et rassurante maturité.
Le DVD joint composé d’instants de l’enregistrement et de deux entretiens n’ajoute rien à l’ensemble, pas plus que la notice d’accompagnement un rien nunuche.
Jean Jordy
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Publié le 11/10/2017 à 22:05, mis à jour le 10/09/2022 à 18:28.