Halle aux grains
> 5 octobre

Houles et nuées

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographies par Emil Matveev et Steve Riskind
Maxim Emelyanychev, direction
Richard Goode, piano


Spécialiste du répertoire baroque, le jeune chef (et piano-fortiste) russe Maxim Emelyanychev s’avance souriant et d’un pas décidé vers les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse qu’il a placé, inhabituellement, premiers et seconds violons face à lui de part et d’autre de la scène, altos et violoncelles juste derrière, les vents au troisième plan et enfin les timbales et les contre-basses au dernier rang.
Retentit soudain l’ouverture «Les Hébrides» de Félix Mendelssohn. Ce beau poème impressionniste avant la lettre, trouve, sous cette baguette impétueuse, un ton cru et abrupt qui parcourt les rives sauvages de l’Ecosse avec une véhémence qui masque à peine les mystères qu’elles recèlent.
Pareillement, la troisième symphonie dite «écossaise» du même auteur subit ici des emportements dévastateurs qui soulignent son caractère éminemment romantique évoquant landes brumeuses et flots déchaînés où mélancolie et interrogations méditatives ne sont jamais absentes. Le scherzo qui bénéficie d’un solo de clarinette magnifique, certes enjoué, ne perd jamais ces sentiments qui baignent, sous un vernis de violence contenue, toute la partition.
Entre ces deux œuvres orageuses, le concerto pour piano 18 de Wolfgang Amadeus Mozart, à la luminosité irradiante, profite ce soir de l’art exemplaire du pianiste new-yorkais Richard Goode.
Celui ci, aérien et enjôleur, magnifie de son jeu perlé la délicate poésie mozartienne. Son dialogue riche et intense avec l’Orchestre du Capitole, ici en petite formation mais en grande forme, recrée tout un univers féérique imprégné d’une magie radieuse que Maxim Emelyanychev entretient savamment. Très applaudi, ce pianisrte rare se retire bientôt après une sarabande de Bach, moment d’éternité s’il en faut.

Jean-Félix Marquette
Publié le 12/10/2017 à 21:43, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.