Teatro de São Carlos, Lisbonne
> 3 juin
Peter Grimes
Photographies par dacapo.pt/S. Bastos
Un spectacle bouleversant de qualité et d’émotion. Sous la direction de Graeme Jenkins, le chœur du Théâtre et l’orchestre symphonique portugais proposent un cadre musical exceptionnel aux solistes de cet opéra au lyrisme tragique qui atteint une sorte de paroxysme dramatique parfaitement soutenu par les solistes. Tous sont de surcroît servis par la mise en scène intelligente et subtile de David Alden.
Une sordide affaire de rumeur que n’interrompt pas vraiment un jugement qui démentit, une bonne volonté pleine d’empathie, celle d’Ellen, à l’encontre du héros, Peter, qui ne suffit pas. Une nouvelle mort, suspecte bien qu’accidentelle, et le drame se noue jusqu’au suicide du héros qui y a été clairement incité.
Une histoire simple en soi, mais d’une densité exceptionnelle. Le spectateur est littéralement tenu en haleine par la force et la puissance d’un jeu d’acteurs fabuleux des chanteurs dans un décor très épuré, pourtant très porteur de sens, renforcé qu’il est par des éclairages évocateurs. John Graham-Hall est un Peter Grimes qui s’impose par sa grande taille, sa voix qui exprime bien qu’il est sûr de lui, avant qu’il ne glisse dans l’aveu de sa souffrance pour sombrer finalement au propre et au figuré. Emily Newton campe à merveille le personnage d’Ellen Oxford, tendre et forte, déterminée et finalement ravagée par le chagrin. Sa voix, d’une grande amplitude, convient très bien à ce rôle difficile et elle sait créer l’émotion. A leurs côtés une mention particulière est due à Rebecca de Pont Davies, une Auntie malicieuse et finalement assez méchante, et à Barbara Barradas et Marianna Castello-Branco, ses nièces, que le metteur en scène a su inventer dans un jeu très drôle et parfaitement percutant. Jonathan Summers est un Captain Badstrode doté de beaucoup de force, dont les interventions contribuent à la montée dramatique du récit, tant il joue intelligemment de sa voix en accord avec une gestuelle très maîtrisée, tout en ayant l’air naturelle. Les seconds rôles sont eux aussi magnifiquement assumés, tant du point de vue vocal que du point de vue scénique.
Il convient encore de souligner la qualité des éclairages qui renforcent l’impression dramatique forte de l’histoire, en jouant sur les ombres (prologue), les contrejours (dernier air de Peter Grimes) ou la montée en force de la calomnie, aggravée par des effets de lumière blanche saisissants qui contrastent avec l’obscurité initiale, pour ne donner que quelques exemples.
Bref, quel que soit l’angle d’attaque, le spectateur est totalement subjugué par une performance (au sens français du terme) d’une qualité qu’on a très rarement l’occasion de goûter aussi pleinement. On en est à rêver d’un DVD pour garder le souvenir d’une telle représentation.
Danielle Anex-Cabanis
Une sordide affaire de rumeur que n’interrompt pas vraiment un jugement qui démentit, une bonne volonté pleine d’empathie, celle d’Ellen, à l’encontre du héros, Peter, qui ne suffit pas. Une nouvelle mort, suspecte bien qu’accidentelle, et le drame se noue jusqu’au suicide du héros qui y a été clairement incité.
Une histoire simple en soi, mais d’une densité exceptionnelle. Le spectateur est littéralement tenu en haleine par la force et la puissance d’un jeu d’acteurs fabuleux des chanteurs dans un décor très épuré, pourtant très porteur de sens, renforcé qu’il est par des éclairages évocateurs. John Graham-Hall est un Peter Grimes qui s’impose par sa grande taille, sa voix qui exprime bien qu’il est sûr de lui, avant qu’il ne glisse dans l’aveu de sa souffrance pour sombrer finalement au propre et au figuré. Emily Newton campe à merveille le personnage d’Ellen Oxford, tendre et forte, déterminée et finalement ravagée par le chagrin. Sa voix, d’une grande amplitude, convient très bien à ce rôle difficile et elle sait créer l’émotion. A leurs côtés une mention particulière est due à Rebecca de Pont Davies, une Auntie malicieuse et finalement assez méchante, et à Barbara Barradas et Marianna Castello-Branco, ses nièces, que le metteur en scène a su inventer dans un jeu très drôle et parfaitement percutant. Jonathan Summers est un Captain Badstrode doté de beaucoup de force, dont les interventions contribuent à la montée dramatique du récit, tant il joue intelligemment de sa voix en accord avec une gestuelle très maîtrisée, tout en ayant l’air naturelle. Les seconds rôles sont eux aussi magnifiquement assumés, tant du point de vue vocal que du point de vue scénique.
Il convient encore de souligner la qualité des éclairages qui renforcent l’impression dramatique forte de l’histoire, en jouant sur les ombres (prologue), les contrejours (dernier air de Peter Grimes) ou la montée en force de la calomnie, aggravée par des effets de lumière blanche saisissants qui contrastent avec l’obscurité initiale, pour ne donner que quelques exemples.
Bref, quel que soit l’angle d’attaque, le spectateur est totalement subjugué par une performance (au sens français du terme) d’une qualité qu’on a très rarement l’occasion de goûter aussi pleinement. On en est à rêver d’un DVD pour garder le souvenir d’une telle représentation.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 15/06/2017 à 13:38, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.