Halle aux grains
> 14 avril

Légendes et passions

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photos par Giorgia Bertazzi et JH Fair
Benjamin Beilman, violon
Rafael Payare, direction


Pour la première fois à la Halle aux Grains, le jeune chef vénézuélien Rafael Payare, produit d’El Sistema, nous offre une captivante leçon de poésie musicale.
La Suite de Lemminkainen de Jean Sibelius se compose de quatre parties formant un cycle complet. Malheureusement, ce soir seul la troisième partie: Lemminkainen à Tuonela nous est donnée. Rafael Payare s’en empare avec une maîtrise rare et délivre avec passion les foisonnements sonores et les brusques emportements qui la structurent. Très sollicité, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse s’y abandonne avec un sentiment quasi extatique.
Rejoints par le jeune violoniste américain Benjamin Beilman, ils se lancent aussitôt dans le concerto pour violon du même auteur, un des plus beaux du répertoire.
Là, ce plus que prometteur soliste déchaîne avec un feu intérieur inextinguible les forces surpuissantes de ce magma sombre et minéral qui emporte tout sur son passage.
Dans le même élan, l’Orchestre du Capitole aux mains de ce chef charismatique en révèle la dimension symphonique et la profondeur abyssale.
Le public fait un triomphe à notre violoniste qui le récompense par une page de Bach.
Après l’entracte, Rafael Payare domine avec une belle autorité la partition du poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss.
Dés son introduction rendue célèbre par le film 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, l’orchestre, où cuivres et percussions se distinguent, glorifie ce somptueux questionnement métaphysique dont l’architecture ô combien complexe est magnifiquement dessinée par cette baguette experte. Une première plus que réussie.

Jean-Félix Marquette
Publié le 18/04/2017 à 21:08, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.