Théâtre du Capitole
> 8 mars

Le roi David

Chœur du Capitole
Deuxième concert de la série proposée par les chœurs du Capitole, des musiciens de l’Orchestre placés sous la direction d’Alfonso Caiani, ce Roi David est une déception. Si le texte de Morax a un peu vieilli, la musique d’Honegger n’a pas pris une ride et garde une force et une puissance que l’on pourrait comparer aux temps forts des Carmina Burana de Carl Orff. Là où Ernest Ansermet, il y a quelque cinquante ans, offrait l’embrasement des passions, les bonnes comme les mauvaises, le chef toulousain nous promène dans une quasi-pastorale du XVIIIe. Le David d’Alfredo Poesina est mièvre et même lorsque les psaumes du même David sont chantés par le chœur, ils manquent d’épaisseur: la joie, la passion, comme la douleur sont en quelque sorte proprets, alors que ce sont des sentiments extrêmes qui pourraient faire glisser dans la folie que l’on devrait sentir monter, environner chacun comme de monstrueuses tentacules. Les deux voix féminines de Magali Léger et Marie Virot ont plus de consistance et créent partiellement cette ambiance de démesure voulue par le compositeur. Un coup de chapeau en revanche pour le récitant, Laurent Collombert, dont la prestation est remarquable: sa voix enfle, se déchire par saccade pour retomber avec un sens dramatique exceptionnel, ce que l’orchestre consolide grâce à un jeu très maîtrisé et simultanément porteur des passions du drame qui se déroule sous nos yeux.
Il ne manquait finalement pas grand-chose, juste le sel dans le bouillon qui ne devient pas cette fabuleuse alternance de coups de tonnerre et d’arcs-en ciel qu’est l’œuvre du musicien suisse.

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 28/03/2016 à 21:45, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.