Halle aux grains
> 5 février

Eroica

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photos par Marco Borggreve et Stéphane de Bourgies.
Gustavo Gimeno, direction
Nicholas Angelich, piano


C’est un bonheur d’entendre une œuvre aussi rebattue que la sinfonia eroica de Ludwig van Beethoven dans une interprétation aussi pleinement satisfaisante. Gustavo Gimeno, chef ô combien charismatique qui a émergé très récemment aux Pays Bas dirigeant le fameux Concertgebouw d’Amsterdam, s’empare ce soir de nôtre Orchestre National du Capitole de Toulouse pour délivrer, ici, une vision particulièrement expressive de cette page. Très tendue, élégante, mais animée d’un souffle inextinguible, elle semble ne jamais suspendre les courses dévastatrices qui la portent.
Les cordes et les timbales affichent une violence rythmique à couper le souffle, les bois et les cuivres ne masquent aucun mystère malgré une rutilance de chaque instant. Ainsi, ce chef, privilégiant le chant intérieur tourmenté qui parcourt toute l’œuvre, trace un chemin certes irisé mais imperturbable qui ne peut qu’atteindre le cœur de son auditoire.
En première partie, Gustavo Gimeno laisse à son orchestre une plus grande liberté rythmique pour aérer, s’il en était encore besoin, la belle transparence diaphane de Ma Mère l’Oye, cinq pièces enfantines de Maurice Ravel.
Dans le concerto pour piano en sol majeur du même auteur, rejoint par un sobre mais appliqué Nicholas Angelich, fougue, motricité et élan semblent parfois trop retenus, même si au final, on ne peut qu’admirer l’équilibre et les couleurs de cette musique solaire.

Jean-Félix Marquette
Publié le 05/02/2016 à 18:21, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.