Emile Goué
Quintette – Petite suite – Trio
Emile Goué (1904-1946)
Quintette – Petite suite – Trio
Quatuor Joachim,
Olivier Chauzu, piano
Musique de chambre, vol. 2
CD Azur Classical 62‘ 16‘’(1e enregistrement mondial)
Grâce à la collection du Festival Albert Roussel, ce CD est une excellente occasion de découvrir un compositeur oublié, dont les œuvres sont ici enregistrées pour la première fois. Mort trop tôt, en plus prisonnier durant cinq ans, Emile Goué laisse une œuvre très élaborée, très construite. Il était par ailleurs mathématicien, ce qui explique sans doute partiellement cette tendance. Trois œuvres très différentes sont proposées en remontant le temps. D’abord le Quintette composé dans l’Oflag XB de Nienburg an der Weiser. S’inspirant de Bach et Beethoven, Goué a construit son œuvre autour d’un seul thème, dont dérivent des thèmes subsidiaires; trois mouvements créent une sorte de progression dramatique: le premier mouvement est «très modéré» avec un thème atonal, présent cinq fois, tandis qu’il sera repris six fois dans le mouvement «lent» qui se termine par la superposition de l’alto et du violon pour la sixième reprise, très apaisée après de grands déchaînements. Le «rondo final» est une sorte d’explosion joyeuse que les artistes réussissent à merveille, se jouant habilement des jeux de rythmes, intégrant l’influence du jazz.
La «petite suite facile» de 1940 a été conçue pour les musiciens du camp et elle est construite comme une trilogie de la nativité: au Prélude succède le Rorate puis un Noël languedocien. C’est à la fois un champ d’espoir et d’encouragement, les destinataires de l’œuvre pas plus que le compositeur n’imaginaient que leur séjour dans l’Oflag allait durer encore cinq ans. La composition est simple et les musiciens en donnent une très belle interprétation, limpide.
Enfin, le «Trio en fa mineur» de 1933 illustre bien sa première manière, largement inspirée de César Franck, qui joue à fond sur des contrastes radicaux entre les mouvements, ce que les musiciens traduisent avec une grande subtilité. Certaines sonorités peuvent surprendre, mais en même temps la construction est si subtile qu’on se laisse emporter avec bonheur.
Il faut espérer que le travail conduit pour enregistrer l’ensemble des œuvres d’Emile Goué incitera chefs et orchestres à le programmer.
Danielle Anex-Cabanis
Quintette – Petite suite – Trio
Quatuor Joachim,
Olivier Chauzu, piano
Musique de chambre, vol. 2
CD Azur Classical 62‘ 16‘’(1e enregistrement mondial)
Grâce à la collection du Festival Albert Roussel, ce CD est une excellente occasion de découvrir un compositeur oublié, dont les œuvres sont ici enregistrées pour la première fois. Mort trop tôt, en plus prisonnier durant cinq ans, Emile Goué laisse une œuvre très élaborée, très construite. Il était par ailleurs mathématicien, ce qui explique sans doute partiellement cette tendance. Trois œuvres très différentes sont proposées en remontant le temps. D’abord le Quintette composé dans l’Oflag XB de Nienburg an der Weiser. S’inspirant de Bach et Beethoven, Goué a construit son œuvre autour d’un seul thème, dont dérivent des thèmes subsidiaires; trois mouvements créent une sorte de progression dramatique: le premier mouvement est «très modéré» avec un thème atonal, présent cinq fois, tandis qu’il sera repris six fois dans le mouvement «lent» qui se termine par la superposition de l’alto et du violon pour la sixième reprise, très apaisée après de grands déchaînements. Le «rondo final» est une sorte d’explosion joyeuse que les artistes réussissent à merveille, se jouant habilement des jeux de rythmes, intégrant l’influence du jazz.
La «petite suite facile» de 1940 a été conçue pour les musiciens du camp et elle est construite comme une trilogie de la nativité: au Prélude succède le Rorate puis un Noël languedocien. C’est à la fois un champ d’espoir et d’encouragement, les destinataires de l’œuvre pas plus que le compositeur n’imaginaient que leur séjour dans l’Oflag allait durer encore cinq ans. La composition est simple et les musiciens en donnent une très belle interprétation, limpide.
Enfin, le «Trio en fa mineur» de 1933 illustre bien sa première manière, largement inspirée de César Franck, qui joue à fond sur des contrastes radicaux entre les mouvements, ce que les musiciens traduisent avec une grande subtilité. Certaines sonorités peuvent surprendre, mais en même temps la construction est si subtile qu’on se laisse emporter avec bonheur.
Il faut espérer que le travail conduit pour enregistrer l’ensemble des œuvres d’Emile Goué incitera chefs et orchestres à le programmer.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 01/02/2015 à 21:36, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.