Halle aux grains
> 2 avril
Il Giardino Armonico
dirigé par Giovanni Antonini
Avec ses 11 musiciens, Giovanni Antonini a conçu son programme comme une sorte de parcours initiatique pour faire pénétrer les auditeurs dans les débuts de la musique instrumentale, lorsqu’elle commence à bénéficier d’un véritable engouement suscitant l’intérêt des cours, y compris les plus petites, qui voient là un outil de prestige. Parallèlement l’imprimerie suscite la diffusion d’œuvres littéraires nouvelles, parmi lesquelles ressort tout particulièrement le célèbre Courtisan de Castiglione qui a rayonné très longtemps. Cela crée un climat culturel créatif et rayonnant.
Les musiciens ont intitulé leur programme La morte della ragione, titre d’une de leurs pièces, et donnent un signal que l’on pourrait interpréter librement non pas comme la négation de la raison, mais comme son dépassement. La passion peut être sublime et progressivement que ce soit pour la voix ou les instruments, on assiste au développement d’une écriture spécifique, la musique la porte; elle peut être destructrice, la musique l’illustre. La musique n’est plus nécessairement liée à la religion, la virtuosité investit le profane.
Les musiciens déploient un talent remarquable au service d’œuvres souvent peu connues de compositeurs italiens, français ou flamands du XVème au début du XVIIème siècle. Josquin Desprez et sa Déploration de la mort de Johannes Ockegem et Cristoforo Caresana avec sa Tarentella sont les extrêmes dans le temps. Entre eux, Monteverdi et la splendide Toccata d’Orphée et bien d’autres. Les instrumentistes et leur chef jouent avec joie et enthousiasme, ils sont parfaitement à l’aise avec leurs différentes flûtes et leurs instruments anciens dont ils maîtrisent superbement les difficultés, qu’ils jouent en solistes ou en groupe. Un concert intéressant, une musique souvent séduisante qui a conquis un public d’abord un peu hésitant avant d’adhérer complètement. Giovanni Antonini est littéralement habité par sa musique, il la joue de toute son âme et de tout son corps, n’hésitant pas à opérer des mises en scène avec ses musiciens qui jouent le jeu amusés. Si l’on met en parallèle l’évolution des images, c’est la même chose que le passage des enluminures représentant des festins médiévaux aux premières peintures de fêtes du XVIème siècle. Les musiciens sont au cœur de la vie sociale et ils acquièrent un position spécifique avant de conquérir leur totale autonomie culturelle
Le même ensemble ne nous avait pas pleinement convaincu en 2011, cette fois c’est sans réserve que nous saluons une prestation de très grande qualité. On a découvert, on a aimé, on a été séduit. Bravissimo!
Danielle Anex-Cabanis
Les musiciens ont intitulé leur programme La morte della ragione, titre d’une de leurs pièces, et donnent un signal que l’on pourrait interpréter librement non pas comme la négation de la raison, mais comme son dépassement. La passion peut être sublime et progressivement que ce soit pour la voix ou les instruments, on assiste au développement d’une écriture spécifique, la musique la porte; elle peut être destructrice, la musique l’illustre. La musique n’est plus nécessairement liée à la religion, la virtuosité investit le profane.
Les musiciens déploient un talent remarquable au service d’œuvres souvent peu connues de compositeurs italiens, français ou flamands du XVème au début du XVIIème siècle. Josquin Desprez et sa Déploration de la mort de Johannes Ockegem et Cristoforo Caresana avec sa Tarentella sont les extrêmes dans le temps. Entre eux, Monteverdi et la splendide Toccata d’Orphée et bien d’autres. Les instrumentistes et leur chef jouent avec joie et enthousiasme, ils sont parfaitement à l’aise avec leurs différentes flûtes et leurs instruments anciens dont ils maîtrisent superbement les difficultés, qu’ils jouent en solistes ou en groupe. Un concert intéressant, une musique souvent séduisante qui a conquis un public d’abord un peu hésitant avant d’adhérer complètement. Giovanni Antonini est littéralement habité par sa musique, il la joue de toute son âme et de tout son corps, n’hésitant pas à opérer des mises en scène avec ses musiciens qui jouent le jeu amusés. Si l’on met en parallèle l’évolution des images, c’est la même chose que le passage des enluminures représentant des festins médiévaux aux premières peintures de fêtes du XVIème siècle. Les musiciens sont au cœur de la vie sociale et ils acquièrent un position spécifique avant de conquérir leur totale autonomie culturelle
Le même ensemble ne nous avait pas pleinement convaincu en 2011, cette fois c’est sans réserve que nous saluons une prestation de très grande qualité. On a découvert, on a aimé, on a été séduit. Bravissimo!
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 17/04/2014 à 14:20, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.