Troïka
Poèmes en musique
Julia Kogan, soprano
St. Petersbourg Chamber Philharmonic
Jeffery Meyer
Les Russes, descendants de Pierre le Grand, sont amateurs de musique, de poésie et de langues étrangères jusqu’à la folie.
Julia Kogan, soprano colorature russe installée en Midi-pyrénées, est nourrie à cette Europe de l’excellence. Elle a, avec les courageux créateurs du label Rideau Rouge, monté un projet discographique digne de ce rêve russe avec de nombreuses complicités artistiques. Trois cycles de poèmes, trois compositeurs, trois langues: Troïka puissance 3.
Les jeux subtils entre langues et musiques sont dignes des défis des salons racés de la plus belle aristocratie slave et ressemblent à des gages donnés par une reine en son boudoir d’hiver. Les mêmes poèmes, sont ainsi chantés tour à tour chacun dans sa langue car tant Joseph Brodsky que Vladimir Nabokov ont écrit des poèmes dans leur langue natale et ont su les traduire en anglais. Ainsi le premier cycle, «There» sur une musique tonale riche en subtiles surprises de Eskender Bekmambetov permet de déguster un alliage subtil entre vers et notes passant entre les deux langues avec facilité. Julia Kogan dont la voix limpide et belle se joue des suraigus arrive à dire les textes avec une étonnante lisibilité en poétesse enchanteresse. Le cycle «Sing poetry» est plus disparate car six compositeurs se partagent trois poèmes de Nabokov. Selon une alternance russe-anglais, compositeurs russes et américains ne connaissant pas le travail de l’autre, s’amusent. Le résultat est brillant, plein de contrastes, les images poétiques naissent pour les yeux par les oreilles.
Le troisième cycle «Caprice étrange» rend hommage à la langue française tant aimée en Russie. La compositrice Isabelle Aboulker met en musique Pouchkine, Lermontov et Tioutchev avec intelligence et sensibilité.
Le St. Petersbourg Chamber Philharmonic est un véritable partenaire talentueux pour cette aventure si originale. Le résultat est enthousiasmant et que l’auditeur prenne la peine de suivre les textes ou de se laisser porter par la voix si ductile et l’orchestre habile et absorbe la poésie pour elle même, le plaisir est immense. Seul un hiver rigoureux au moment de la découverte de ce Cd nous a empêché de vous donner envie de l’écouter, en raison de sa pochette neigeuse glacée. Avec le printemps qui s’installe la poésie de l’hiver est plus entraînante.
La prise de son très naturelle, le livret trilingue et la traduction des textes ajoutent au plaisir de déguster cette proposition richement présentée. Souhaitons longue vie à Rideau Rouge avec des projets musicaux si beaux et originaux dans une réalisation de qualité. L’art du chant et du dire, la richesse de la voix de Julia Kogan sont ceux d’une grande dame.
Hubert Stoecklin
Un CD Rideau Rouge Records. RRR003. Durée 65’.
St. Petersbourg Chamber Philharmonic
Jeffery Meyer
Les Russes, descendants de Pierre le Grand, sont amateurs de musique, de poésie et de langues étrangères jusqu’à la folie.
Julia Kogan, soprano colorature russe installée en Midi-pyrénées, est nourrie à cette Europe de l’excellence. Elle a, avec les courageux créateurs du label Rideau Rouge, monté un projet discographique digne de ce rêve russe avec de nombreuses complicités artistiques. Trois cycles de poèmes, trois compositeurs, trois langues: Troïka puissance 3.
Les jeux subtils entre langues et musiques sont dignes des défis des salons racés de la plus belle aristocratie slave et ressemblent à des gages donnés par une reine en son boudoir d’hiver. Les mêmes poèmes, sont ainsi chantés tour à tour chacun dans sa langue car tant Joseph Brodsky que Vladimir Nabokov ont écrit des poèmes dans leur langue natale et ont su les traduire en anglais. Ainsi le premier cycle, «There» sur une musique tonale riche en subtiles surprises de Eskender Bekmambetov permet de déguster un alliage subtil entre vers et notes passant entre les deux langues avec facilité. Julia Kogan dont la voix limpide et belle se joue des suraigus arrive à dire les textes avec une étonnante lisibilité en poétesse enchanteresse. Le cycle «Sing poetry» est plus disparate car six compositeurs se partagent trois poèmes de Nabokov. Selon une alternance russe-anglais, compositeurs russes et américains ne connaissant pas le travail de l’autre, s’amusent. Le résultat est brillant, plein de contrastes, les images poétiques naissent pour les yeux par les oreilles.
Le troisième cycle «Caprice étrange» rend hommage à la langue française tant aimée en Russie. La compositrice Isabelle Aboulker met en musique Pouchkine, Lermontov et Tioutchev avec intelligence et sensibilité.
Le St. Petersbourg Chamber Philharmonic est un véritable partenaire talentueux pour cette aventure si originale. Le résultat est enthousiasmant et que l’auditeur prenne la peine de suivre les textes ou de se laisser porter par la voix si ductile et l’orchestre habile et absorbe la poésie pour elle même, le plaisir est immense. Seul un hiver rigoureux au moment de la découverte de ce Cd nous a empêché de vous donner envie de l’écouter, en raison de sa pochette neigeuse glacée. Avec le printemps qui s’installe la poésie de l’hiver est plus entraînante.
La prise de son très naturelle, le livret trilingue et la traduction des textes ajoutent au plaisir de déguster cette proposition richement présentée. Souhaitons longue vie à Rideau Rouge avec des projets musicaux si beaux et originaux dans une réalisation de qualité. L’art du chant et du dire, la richesse de la voix de Julia Kogan sont ceux d’une grande dame.
Hubert Stoecklin
Un CD Rideau Rouge Records. RRR003. Durée 65’.
Publié le 19/03/2012 à 15:44, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.