Opéra Royal - Château de Versailles
> 2 mars

King Arthur pour rire

Henry Purcell
Photos Marc Ginot
Au moment de sa rencontre avec Shirley et Dino, Hervé Niquet avait déjà tenté de donner une autre manière de voir et d’entendre King Arthur, l’un des semi-opéras de Purcell dont on sent qu’il lui tient à cœur et parmi les plus appréciés du public. Certains gags que l’on retrouve dans cette adaptation hors norme offerte ce soir à l’Opéra Royal, existaient déjà dans une version offerte en 2003 au théâtre des Arts à Rouen, comme les bonnets de laine dans la scène du froid dont se couvrent les musiciens.
Si elle n’est pas nouvelle, puisqu’elle date de 2008, cette production est donc le fruit d’une rencontre entre les deux «fantaisistes», Corinne et Gilles Denizio, alias Shirley et Dino et Hervé Niquet. Créée à l’occasion du Festival de Radio France de Montpellier, elle nous offre probablement le King Arthur dont ce dernier rêvait depuis déjà un certain temps.
Depuis sa création cette production a beaucoup tourné et fait l’objet d’un DVD. Et reconnaissons que le public n’a pas boudé son plaisir en cette fin d’hiver où un vent glacial soufflait sur Versailles. C’est un Opéra Royal bondé qui a fait fête aux artistes.
Ce soir nous avons retrouvé la troupe initialement réunie à Montpellier, il y a 3 ans. Si l’on peut regretter la reproduction quasi à l’identique, ne laissant aucune part à l’improvisation, de gags que tous ceux qui possèdent le DVD connaissent par cœur, reconnaissons aussi que la jubilation des artistes permet à chacun de passer une soirée comme rarement l’opéra peut nous en offrir. Tenant plus de la comédie musicale et s’inspirant de l’humour des Monty Python avec le côté potache du Caf’Conc’, la mise en scène loufoque à souhait est un vrai bonheur.
Malgré quelques décalages, la relation entre la scène et la fosse est nouée par une véritable complicité, établie par Hervé Niquet, hilarant chef/chanteur/bateleur.
Et hormis quelques écarts de justesses des trompettes, le Concert Spirituel participe à ce doux délire avec brio. De la distribution quasi homogène, c’est l’interprétation déjantée des deux moinillons de Mathias Vidal et de Marc Mauillon qui est la plus enlevée. Dans le rôle devenu principal de cette adaptation, le King Arthur de João Fernandez est merveilleusement dégingandé et les dames se disputent avec férocité la couronne et l’amour de ce drôle de roi.

Alors malgré quelques réserves, cette production offre à chacun un bonheur éphémère comme le temps d’une représentation, que l’on savoure avec plaisir. Et pourquoi aurait-on refusé cette invitation à pleurer de rire dans l’un des plus belles salles de France?

Monique Parmentier


Publié le 08/03/2011 à 11:29, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.