Attention merveille indispensable !
Barber – Berlioz – Britten
Anne-Catherine Gillet, soprano
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Paul Daniel, direction
Pour les Toulousains, qui ont eu la chance de voir et d’entendre la torche vive qu’incarne Anne-Catherine Gillet dans des rôles aussi variés que Sophie, Despina, Zdenka, Suzanne, Poppée ou Aricie, la réussite de ce CD n’est pas une surprise. L’intelligence de l’artiste lui fait choisir pour son premier récital un programme d’une exigence inouïe et qui montre qu’il n’est pas possible de la classer dans les sopranos légers. Quand combien d’autres stars en devenir enfilent les airs des rôles chantés et à venir sans véritable projet artistique pour leur CD carte de visite, la soprano Belge au tempérament de feu choisit trois œuvres magnifiques, réclamant un grand soprano. Samuel Barber a écrit une rhapsodie lyrique, crée par l’immense Eleanor Steber, qui s’intitule Knoxville: Summer of 1915. La nostalgie, l’omniprésence de l’enfance en l’adulte, la qualité du texte comme de la musique en font une pièce unique qui réclame voix timbrée et diction limpide. C’est le mot qui caractérise le mieux l’art d’Anne-Catherine Gillet. Voix, diction, style tout est limpide. Cette précision du texte héritée de son maître Jules Bastin est une merveille pour une voix si aigue. Nous sommes transportés dans cette petite ville d’autrefois, ou la nostalgie semble éternelle.
Puis les Nuits d’été de Berlioz nous dévoilent une diseuse aussi subtile que Régine Crespin et une voix aussi belle dans sa fraîcheur et sa profondeur. La subtilité technique héritée de sa professeure Isabel Garcizans fait merveille. N’ayons pas peur de l’écrire, si Crespin a régné sur la discographie depuis les années 60, Anne-Catherine Gillet arrive à sa hauteur. L’hommage est suprême car poésie et musique sont mariées à la perfection comme chez son aînée. Et quelle belle voix, quel timbre riche et transparent à la fois! Et sur toute la tessiture, même l’option grave sous la portée sur le mot linceul du Lamento sur la lagune est là. Inattendue dans ce répertoire pour voix sombre et aussitôt vénérée, cette nouvelle soprano, alliant force et fraîcheur comme sa devancière inclassable, Ileana Cotrubas, est promise à un brillant avenir dans les rôles les plus variés. Son énergie dans les Illuminations de Britten est impressionnante et quelle maîtrise de la voix dans les nuances les plus grandes du fortissimo au pianissimo le plus morendo dès la fanfare inaugurale. Et cette capacité à mettre en valeur la poésie si fantasque de Rimbaud n’est pas moins admirable.
L’orchestre de Liège est magnifique et la direction de Paul Daniel a la même énergie et la même finesse que la soliste. On devine une même hauteur de vue et une collaboration très aboutie.
Vraiment tant par le timbre rare qu’une expression exacte, Anne-Catherine Gillet signe là un premier récital d’exception.
Prise de son limpide comme permettant une écoute de toutes les irisations de la voix et les plus délicates interventions de l’orchestre.
Un disque indispensable et pour longtemps.
Hubert Stoecklin
I CD aeon. Enregistré en septembre 2011. Durée 66’21’’
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Paul Daniel, direction
Pour les Toulousains, qui ont eu la chance de voir et d’entendre la torche vive qu’incarne Anne-Catherine Gillet dans des rôles aussi variés que Sophie, Despina, Zdenka, Suzanne, Poppée ou Aricie, la réussite de ce CD n’est pas une surprise. L’intelligence de l’artiste lui fait choisir pour son premier récital un programme d’une exigence inouïe et qui montre qu’il n’est pas possible de la classer dans les sopranos légers. Quand combien d’autres stars en devenir enfilent les airs des rôles chantés et à venir sans véritable projet artistique pour leur CD carte de visite, la soprano Belge au tempérament de feu choisit trois œuvres magnifiques, réclamant un grand soprano. Samuel Barber a écrit une rhapsodie lyrique, crée par l’immense Eleanor Steber, qui s’intitule Knoxville: Summer of 1915. La nostalgie, l’omniprésence de l’enfance en l’adulte, la qualité du texte comme de la musique en font une pièce unique qui réclame voix timbrée et diction limpide. C’est le mot qui caractérise le mieux l’art d’Anne-Catherine Gillet. Voix, diction, style tout est limpide. Cette précision du texte héritée de son maître Jules Bastin est une merveille pour une voix si aigue. Nous sommes transportés dans cette petite ville d’autrefois, ou la nostalgie semble éternelle.
Puis les Nuits d’été de Berlioz nous dévoilent une diseuse aussi subtile que Régine Crespin et une voix aussi belle dans sa fraîcheur et sa profondeur. La subtilité technique héritée de sa professeure Isabel Garcizans fait merveille. N’ayons pas peur de l’écrire, si Crespin a régné sur la discographie depuis les années 60, Anne-Catherine Gillet arrive à sa hauteur. L’hommage est suprême car poésie et musique sont mariées à la perfection comme chez son aînée. Et quelle belle voix, quel timbre riche et transparent à la fois! Et sur toute la tessiture, même l’option grave sous la portée sur le mot linceul du Lamento sur la lagune est là. Inattendue dans ce répertoire pour voix sombre et aussitôt vénérée, cette nouvelle soprano, alliant force et fraîcheur comme sa devancière inclassable, Ileana Cotrubas, est promise à un brillant avenir dans les rôles les plus variés. Son énergie dans les Illuminations de Britten est impressionnante et quelle maîtrise de la voix dans les nuances les plus grandes du fortissimo au pianissimo le plus morendo dès la fanfare inaugurale. Et cette capacité à mettre en valeur la poésie si fantasque de Rimbaud n’est pas moins admirable.
L’orchestre de Liège est magnifique et la direction de Paul Daniel a la même énergie et la même finesse que la soliste. On devine une même hauteur de vue et une collaboration très aboutie.
Vraiment tant par le timbre rare qu’une expression exacte, Anne-Catherine Gillet signe là un premier récital d’exception.
Prise de son limpide comme permettant une écoute de toutes les irisations de la voix et les plus délicates interventions de l’orchestre.
Un disque indispensable et pour longtemps.
Hubert Stoecklin
I CD aeon. Enregistré en septembre 2011. Durée 66’21’’
Publié le 22/11/2011 à 09:13, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.