Il Diluvio Universale

Michelangelo Falvetti
Oubliée depuis trois siècles cette partition bénéficie des soins attentifs d’une édition de qualité et d’une interprétation engagée et solide. Le festival d’Ambronay est tout à son affaire, fidèle à sa mission de diffusion d’œuvres rarissimes et de soutien de jeunes artistes. Le bouillonnant Leonardo Garcia Alarcon, qui a le vent en poupe, dynamise tous les artistes afin de défendre cette partition. L’orchestre est de petite taille mais suffisamment varié pour stimuler l’écoute. Les voix sont très belles pour la plupart avec une mention particulière pour Evelyn Ramirez Munoz, contralto au timbre profond et à l’autorité vigoureuse, qui en Justice Divine saisit l’auditeur dès sa première intervention. Les vocalises sont bien en place, pleines de vigueur dans son air de colère. Rad, la femme de Noé est une très agréable voix de soprano, fleurie et harmonieuse. Mariana Florez est un nom à suivre car elle sait utiliser sa belle voix avec sensibilité. Son duo avec Noé et l’introduction habile des percussions de Keyvan Chemirani est la plus belle page de la partition en sa tendresse aimable. Les autres chanteurs, dont trois sortis du chœur, sont efficaces. Le Chœur de Chambre de Namur est magnifique, mais ne bénéficie pas d’un grand moment choral digne de son talent et l’idée de faire crier certains chanteurs pour évoquer la terreur de la mort imminente n’est pas réussie. Mais la partition permet-elle une émotion en rapport avec le thème? Car en quoi ce Michanlegelo Falvetti mérite-il une résurrection pour son oratorio en forme de fable? La musique ne dépasse pas l’habileté et la dimension dramatique est peu compatible avec notre vision des catastrophes naturelles (Il ne s’agit pas moins de la destruction de l’humanité!) Ainsi la distanciation induite par une écriture dansante (la nature humaine a un air joyeux en acceptant la mort comme punition juste) exige une écoute dégagée du sens. On a le droit aujourd’hui, de ne plus croire en ce paradis promis, préférable à la vie réelle… Ni aux remerciements pour une «punition juste», quand il s’agit de la mort…

Ainsi nous bénéficions d’une belle réalisation pour une œuvre agréable mais peu compatible dramatiquement avec une vision contemporaine, éloignée des fables religieuses.
Cet enregistrement réalisé dans le centre culturel de Jujurieux, bénéficie d’une acoustique claire et d’une belle prise de son.

Hubert Stoecklin

1 CD Ambronay Editions

Publié le 16/11/2011 à 16:29, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.