Chants et danses baroques de l’Amazonie
Ensemble Moxos (Bolivie) – Raquel Maldonado
La musique de l’Eldorado…
Parfois certains mots portent en eux une charge inouïe de rêves et de fantasmes qui sont à l’origine de destructions aussi terrifiantes que l’appel de la fortune et de la gloire. C’est le cas du mot Eldorado. Dans ces terres aux confins d’un monde connu, des hommes et des femmes vinrent apporter la mort et la destruction de civilisations parfois millénaires. Aujourd’hui aux lisières de la forêt amazonienne certains habitants tentent de retrouver, de préserver et de transmettre, coute que coute une culture entre oralité et archives écrites, où la musique tient une place fondamentale.
Cette musique qu’aujourd’hui les musicologues boliviens Raquel Maldonado et Toño Puerta sont allés la recueillir en empruntant des moyens qui n’auraient pas fait froid aux yeux à Indiana Jones. Elle nous est révélée dans cet enregistrement, grâce à l’Ensemble Moxos, dans toute sa splendeur, son originalité et sa différence.
Si elle tire en partie ses origines du corpus de la musique italienne baroque sacrée qui fut apportée sur place par les jésuites, elle est aussi le fruit d’une fusion entre deux cultures dont l’une qui a lutté pour survivre (la culture amazonienne) tout en acceptant plus que l’autre (la culture catholique) d’intégrer ce que malgré la souffrance elle pouvait en retirer. Les peuples concernés, profondément ancrés dans le sacré, vivant en harmonie avec leur environnement trouvèrent ainsi dans la musique savante venu d’Europe un imaginaire sonore dont la splendeur s’unissait parfaitement avec le chant de la forêt.
Rarement un label, surtout en période de crise a osé être aussi audacieux que K617. Car grâce à son ouverture d’esprit et à sa prise de risques, ainsi qu’aux équipes du Couvent de Saint Ulrich c’est ici un Autre Monde qu’il nous est donné d’entendre. Pas de stars, pas d’œuvres hyper connues juste un répertoire fait de grâce et de modestie.
Et K617 ne propose pas non plus une redécouverte occidentale de la musique du Nouveau Monde, en faisant appel à un ensemble européen, non, il donne la possibilité à des musiciens boliviens de nous faire entendre une musique baroque, autre, qui nous ouvre des horizons humains à la richesse à nulle autre pareil. Vous serez surpris, émerveillés, secoués dans vos habitudes, car ici la musique est celle d’un univers étrange et fascinant, celle d’une humanité qui nous fait entendre et apercevoir ce que nous avons si souvent cherché, l’Eldorado.
La musique européenne fut transformée par ce monde où elle échoua à réellement convertir et transfigurée par ceux qu’elle croyait conquérir.
Le livret riche et passionnant et la prise son soignée viennent ici compléter un magnifique travail d’interprétation et de transmission qu’il faut saluer avec ferveur.
Monique Parmentier
1 CD K617. Durée CD1 72’07’’
Parfois certains mots portent en eux une charge inouïe de rêves et de fantasmes qui sont à l’origine de destructions aussi terrifiantes que l’appel de la fortune et de la gloire. C’est le cas du mot Eldorado. Dans ces terres aux confins d’un monde connu, des hommes et des femmes vinrent apporter la mort et la destruction de civilisations parfois millénaires. Aujourd’hui aux lisières de la forêt amazonienne certains habitants tentent de retrouver, de préserver et de transmettre, coute que coute une culture entre oralité et archives écrites, où la musique tient une place fondamentale.
Cette musique qu’aujourd’hui les musicologues boliviens Raquel Maldonado et Toño Puerta sont allés la recueillir en empruntant des moyens qui n’auraient pas fait froid aux yeux à Indiana Jones. Elle nous est révélée dans cet enregistrement, grâce à l’Ensemble Moxos, dans toute sa splendeur, son originalité et sa différence.
Si elle tire en partie ses origines du corpus de la musique italienne baroque sacrée qui fut apportée sur place par les jésuites, elle est aussi le fruit d’une fusion entre deux cultures dont l’une qui a lutté pour survivre (la culture amazonienne) tout en acceptant plus que l’autre (la culture catholique) d’intégrer ce que malgré la souffrance elle pouvait en retirer. Les peuples concernés, profondément ancrés dans le sacré, vivant en harmonie avec leur environnement trouvèrent ainsi dans la musique savante venu d’Europe un imaginaire sonore dont la splendeur s’unissait parfaitement avec le chant de la forêt.
Rarement un label, surtout en période de crise a osé être aussi audacieux que K617. Car grâce à son ouverture d’esprit et à sa prise de risques, ainsi qu’aux équipes du Couvent de Saint Ulrich c’est ici un Autre Monde qu’il nous est donné d’entendre. Pas de stars, pas d’œuvres hyper connues juste un répertoire fait de grâce et de modestie.
Et K617 ne propose pas non plus une redécouverte occidentale de la musique du Nouveau Monde, en faisant appel à un ensemble européen, non, il donne la possibilité à des musiciens boliviens de nous faire entendre une musique baroque, autre, qui nous ouvre des horizons humains à la richesse à nulle autre pareil. Vous serez surpris, émerveillés, secoués dans vos habitudes, car ici la musique est celle d’un univers étrange et fascinant, celle d’une humanité qui nous fait entendre et apercevoir ce que nous avons si souvent cherché, l’Eldorado.
La musique européenne fut transformée par ce monde où elle échoua à réellement convertir et transfigurée par ceux qu’elle croyait conquérir.
Le livret riche et passionnant et la prise son soignée viennent ici compléter un magnifique travail d’interprétation et de transmission qu’il faut saluer avec ferveur.
Monique Parmentier
1 CD K617. Durée CD1 72’07’’
Publié le 09/11/2011 à 09:12, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.