Méditerranée sacrée
Les Eléments, Joël Suhubiette
Cherchant à allier l’ancien et le moderne, Joël Suhubiette et Les Eléments présentent ici un projet ambitieux que leurs admirateurs pourront écouter prochainement en concert. Musiques et textes correspondent largement aux trois religions du livre, auxquelles s’ajoutent trois extraits des Bacchantes d’Euripide. Les compositeurs, anonyme du XIVe siècle, Tomas Luis de Victoria, Gesualdo, Rossi et Lotti sont bien connus des amateurs de polyphonies, tandis que les sonorités de Giacinto Scelsi (1905-1988) et surtout d’Alexandros Markeas, né en 1965) ou de Zad Moultaka, né en 1967, sont d’abord plus difficiles. Les Sept dernières paroles du Christ sont un texte terrible, maintes fois mises en musique, dans l’idée d’exprimer la grandeur du sacrifice du salut des hommes. Peu importe que les destinataires du message croient ou non. La vision de Moultaka est sûrement intéressante comme musique expérimentale, parvient-elle à transmettre la portée sacrée du texte, c’est moins sûr…
La prestation de Joël Suhubiette et des Eléments est intellectuellement fascinante, mais l’auditeur en chambre reste un peu sur sa faim. Si la recherche d’une musique exprimée de manière très épurée est dans l’air du temps, que l’on songe à de merveilleux enregistrements de Marc Minkovski ou de René Jacobs ou encore, dans un registre littéraire, aux développements de Richard Powers dans Au temps où nous chantions. On frôle la limite de la désubstantialisation des sons. C’est peut-être un des effets pervers des enregistrements numériques, complètement nettoyés. Il est possible que lors de la présentation en concert, cette froideur disparaisse et qu’on aille au-delà d’une très grande qualité technique.
Danielle Anex-Cabanis
CD L’empreinte digitale 2011, 60’52’’
La prestation de Joël Suhubiette et des Eléments est intellectuellement fascinante, mais l’auditeur en chambre reste un peu sur sa faim. Si la recherche d’une musique exprimée de manière très épurée est dans l’air du temps, que l’on songe à de merveilleux enregistrements de Marc Minkovski ou de René Jacobs ou encore, dans un registre littéraire, aux développements de Richard Powers dans Au temps où nous chantions. On frôle la limite de la désubstantialisation des sons. C’est peut-être un des effets pervers des enregistrements numériques, complètement nettoyés. Il est possible que lors de la présentation en concert, cette froideur disparaisse et qu’on aille au-delà d’une très grande qualité technique.
Danielle Anex-Cabanis
CD L’empreinte digitale 2011, 60’52’’
Publié le 03/11/2011 à 09:01, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.