Les Psaumes de David au XVIIe siècle en Allemagne du Nord Hans-Jörg Mammel
La Fenice – Jean Tubéry
La Réforme commença par proscrire la musique du cadre liturgique. Mais dans l’Allemagne du Nord sous l’impulsion de l’influence luthérienne une école de musiciens put redonner à l’orgue toute sa place. A côté de la musique destinée au temple, aristocrates et bourgeois de la prospère Ligue hanséatique développèrent une intense vie musicale. Ils offrirent ainsi aux musiciens un environnement extrêmement favorable à la création. Buxtehude, l’instigateur des Abendmusiken, est le plus célèbre d’entre eux. Qui ne connaît l’épisode de Bach faisant des centaines de kilomètres pour venir l’entendre à Lubeck? Ce CD nous offre de découvrir à ses côtés Bruhns qui fut un de ses élèves et deux de ceux de Heinrich Schütz, dont la musique fut profondément influencée par l’Italie, Weckmann et Sommer, tous aussi passionnants les uns que les autres.
Les Psaumes de David sont ici un fil conducteur qui tient aussi bien aux psaumes que l’on entend qu’au lieu de l’enregistrement: la Marienkirche de Mariendrebber en Basse – Saxe et à son orgue historique datant de 1659. Son buffet est orné d’une sculpture représentant le roi David, roi musicien. Il pouvait dit-on soigner la mélancolie en jouant de la harpe.
Tant les psaumes chantés par Hans-Jörg Mammel que les pièces purement musicales, dont certaines nous permettent d’entendre cet orgue magnifique, ces œuvres d’un temps où la musique revenait de loin, nous apaisent comme une pluie d’orage après une lourde journée. Il n’est que d’entendre Mit Fried un Freud ich fahr dahin, Klaglied (Avec Paix et Joie je quitte ce monde) de Buxtehude. La voix claire et chaude de Hans Jörg Mammel nous envoute. Sa diction expressive, son timbre radieux sont un véritable enchantement. Sa complicité avec Jean Tubéry et les musiciens de la Fenice est le fruit d’une longue collaboration. Les instrumentistes apportent des couleurs délicates et soyeuses. Et plus qu’une sobre ou sombre musique luthérienne, c’est toute la liesse et l’exubérance italienne de cette musique qu’ils nous font découvrir. Théorbe, cornets à bouquin et violons dialoguent jusqu’à l’ivresse avec la voix. Leur virtuosité nous émerveille, faisant de chaque psaume et sonate un instant d’une sensualité jubilatoire dont la lumineuse intensité permet d’effacer la mélancolie qui nous habite.
La prise de son souple et profonde prolonge, ainsi que le magnifique livret, le sortilège de cet enregistrement.
Monique Parmentier
1 CD Alpha
Publié le 28/04/2011 à 09:00, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.