Codex Chantilly : en amoureux verger
De Caelis
Le Codex Chantilly dont sont extraits les airs interprétés ici, est un manuscrit mystérieux quant à sa provenance et sa destination, où sont offerts aux chercheurs et interprètent de notre époque des énigmes musicales et poétiques à l’image de cet art délicat et subtil, que les musicologues modernes ont appelé art subtilior. Il vint remplacer l’ars nova à la fin du XIVè siècle et semble annoncer les audaces de la Renaissance.
Si les tournures des œuvres que l’on y devine y sont italianisantes, ainsi que les éléments graphiques qui semblent corroborer l’origine italienne du copiste, les sources elles en sont bien françaises. Tout semble en fait indiquer que ce dernier souhaitait créer une anthologie, mais les compositeurs sont peu ou pas connus. Si longtemps Dieu fut la seule raison d’être de la musique médiévale –par ses sujets et par ses rythmes à la symbolique ternaire évoquant la Trinité– elle découvre en cette fin de Moyen Âge, le pouvoir et les charmes parfois si douloureux de l’amour, qui permettent à l’individu d’affleurer.
La musique nous invite ici, à l’ombre des sentiments humains si troublants, en un jardin où les amoureux croisent des animaux fantastiques tel le phoenix et des oiseaux aux chants mélodieux qui les envoûtent. Si les fruits que l’on y cueille sont parfois amers voir mortels, ils régalent les promeneurs. Et il fait bon se perdre en cet amoureux verger.
Cette musique en quête d’audace, renouvelle le regard sur le monde. Les femmes, telles Isabeau de Bavière ou Valentina Visconti y jouaient de la harpe et il est donc naturel que l’ensemble a capella De Caelis s’empare de ce répertoire pour nous en offrir une vision tellement enchanteresse que l’on prend plaisir à y découvrir une rhétorique où imitations, onomatopées, syncopes et bizarreries harmoniques viennent nous déstabiliser pour mieux nous séduire par leur expressivité. La souplesse vocale et la clarté de la diction des interprètes, permet de dépasser les a priori que ces compositions complexes peuvent suggérer auprès du public moderne.
Prenant le risque de renoncer quasiment à l’usage pourtant courant d’instruments pour accompagner les chanteurs, sauf sur de rares pièces, Laurence Brisset partage ses choix artistiques avec ses quatre compagnes avec intelligence et délicatesse. Leur complicité crée un sentiment d’harmonie, nous invitant à nous abandonner à cet univers où la musique devient une broderie à la poésie frémissante et mélancolique.
La prise de son claire et aérienne et un livret élégant viennent compléter cette belle réussite.
Monique Parmentier
1 CD Aeon
Si les tournures des œuvres que l’on y devine y sont italianisantes, ainsi que les éléments graphiques qui semblent corroborer l’origine italienne du copiste, les sources elles en sont bien françaises. Tout semble en fait indiquer que ce dernier souhaitait créer une anthologie, mais les compositeurs sont peu ou pas connus. Si longtemps Dieu fut la seule raison d’être de la musique médiévale –par ses sujets et par ses rythmes à la symbolique ternaire évoquant la Trinité– elle découvre en cette fin de Moyen Âge, le pouvoir et les charmes parfois si douloureux de l’amour, qui permettent à l’individu d’affleurer.
La musique nous invite ici, à l’ombre des sentiments humains si troublants, en un jardin où les amoureux croisent des animaux fantastiques tel le phoenix et des oiseaux aux chants mélodieux qui les envoûtent. Si les fruits que l’on y cueille sont parfois amers voir mortels, ils régalent les promeneurs. Et il fait bon se perdre en cet amoureux verger.
Cette musique en quête d’audace, renouvelle le regard sur le monde. Les femmes, telles Isabeau de Bavière ou Valentina Visconti y jouaient de la harpe et il est donc naturel que l’ensemble a capella De Caelis s’empare de ce répertoire pour nous en offrir une vision tellement enchanteresse que l’on prend plaisir à y découvrir une rhétorique où imitations, onomatopées, syncopes et bizarreries harmoniques viennent nous déstabiliser pour mieux nous séduire par leur expressivité. La souplesse vocale et la clarté de la diction des interprètes, permet de dépasser les a priori que ces compositions complexes peuvent suggérer auprès du public moderne.
Prenant le risque de renoncer quasiment à l’usage pourtant courant d’instruments pour accompagner les chanteurs, sauf sur de rares pièces, Laurence Brisset partage ses choix artistiques avec ses quatre compagnes avec intelligence et délicatesse. Leur complicité crée un sentiment d’harmonie, nous invitant à nous abandonner à cet univers où la musique devient une broderie à la poésie frémissante et mélancolique.
La prise de son claire et aérienne et un livret élégant viennent compléter cette belle réussite.
Monique Parmentier
1 CD Aeon
Publié le 01/02/2011 à 09:16, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.