ATYS

Jean-Baptiste Lully
3 CD Musiques à la Chabotterie

S’il fut l’opéra de Lully le plus donné de son vivant, aujourd’hui encore, Atys fascine assez les chefs baroques pour qu’après avoir été l’œuvre phare du renouveau de ce répertoire, il se trouve un chef pour considérer qu’on est loin de l’avoir définitivement inscrit dans le marbre.
Hugo Reyne a été à jamais marqué par cet opéra de Lully en participant comme 1ère flûte à sa recréation par William Christie et les Arts Florissants en 1987. Et au-delà d’une certaine audace ou témérité que l’on pourrait lui prêter, en reprenant Atys au disque, il choisit de nous en offrir une version épurée de toute forme de maniérisme. L’orchestre gagne en nuances, en lyrisme, mais au dépend parfois du sens dramatique. Le continuo que la Symphonie du Marais offre aux chanteurs, est ainsi des plus subtils et chaque instrument vient colorer l’émotion.
La distribution est particulièrement homogène. Chaque chanteur y fait preuve d’une éloquence d’une grande clarté. On retiendra tout particulièrement, le séduisant Atys de Romain Champion, la rayonnante et bouleversante Flore et Sangaride de Bénédicte Tauran, l’hyptonisant Morphée de Vincent Lièvre Picard et le poignant et élégant Célénus d’Aimery Lefèvre. Hugo Reyne bénéficie ici de la troupe idéale pour nous proposer cette nouvelle lecture d’Atys, plus tendre que tragique et d’une prise de son d’une belle limpidité. Le livret quant à lui est non seulement passionnant à lire mais également d’une grande noblesse de style.
Pas de doute, même si Amaya Dominguez ne parvient jamais totalement, malgré ses réels mérites, à nous faire oublier la tragique Cybèle de Guillemette Laurens, cette nouvelle version de la quatrième tragédie lyrique de Lully, est bien celle d’un passionné qui sait nous faire aimer la musique du florentin qui créa la musique française.

Monique Parmentier
Publié le 17/11/2010 à 16:34, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.