Opéra Grand Avignon
> 12 octobre

Don Giovanni

Photographies par Cédric, Studio Delestrade
L’opéra d’Avignon nous a offert, en ce début de saison, un éblouissant Don Giovanni. La mise en scène de Frédéric Roels, sobre et efficace, transpose l’action au XXe siècle soulignant toute la modernité de la musique et du livret:
Une cabine téléphonique comme antichambre des turpitudes du séducteur, des hommes errant, tels des zombies, évoquant la statue du commandeur dans le dernier acte, des façades d’immeubles menaçant de s’écrouler comme une parabole de la tragédie à venir. La cheffe Débora Waldman dirige l’orchestre national Avignon-Provence avec une grande fermeté et une énergie colossale. Elle parvient à insuffler une cadence soutenue et continue qui confine au grand art. Dans le rôle titre Amando Noguera incarne magnifiquement un personnage haut en couleurs, cynique et manipulateur. Sa voix puissante et nuancée et sa diction parfaite lui permettent d’assumer pleinement ce rôle titre. Tomislav Lavoie dans le rôle de Leporello s’avère magistralement présent et drôle! Gabrielle Philiponet est une Donna Anna très élégante quoiqu’un peu effacée.
Une mention spéciale à Eduarda Melo (Zerlina), une excellente comédienne dotée d’une voix remarquable. Splendide timbre de Lianghua Gong (Don Ottavio), belle présence scénique pour Aimery Lefèvre (Masetto) et belle agilité vocale de Anaïk Morel (Donna Elvira). Quant à Mischa Schelomianski, il campe un Commandatore impressionnant, criant de vérité, presque terrifiant. La scène finale poignante conclue une représentation idéale nous laissant longtemps après un souvenir puissant.

Anne Grafteaux-Géli
Publié le 27/10/2025 à 12:06.