Les sublimes romantiques

Strauss, Chopin et Liszt
CD Indésens

L’accroche un rien pompeuse du titre du CD s’avère à l’opposé d’un choix pertinent d’œuvres réunies et d’une interprétation intense mais sans esbroufe, qu’on pourrait s’il fallait vraiment contrarier l’intitulé qualifier de sobrement classique. Composée en 1883, la Sonate pour violoncelle et piano est une œuvre de jeunesse de Richard Strauss où on sent les influences de romantiques allemands en effet, mais avec une patte déjà originale et pleine d’audaces rythmiques. On aime ici l’ample mélodie que déploie dans l’Andante ma non troppo le violoncelle tendre et mélancolique de David Louwerse et l’espièglerie joyeuse du piano inaugurant le Finale. Dernier opus publié de son vivant (1847), la Sonate pour violoncelle et piano de Frédéric Chopin semble donner d’emblée la part belle au déferlement de l’instrument tenu par François Daudet que rejoint moderato un violoncelle ami. Point de joute ici, mais une recherche constante d’harmonie, d’échange et d’écoute. Dédiée à son ami Auguste Franchomme, elle nécessite, plus qu’une autre peut-être une entente, une respiration commune et le duo Louwerse – Daudet trouve pour les quatre mouvements le tempo juste, le rythme congru, les échos sonores subtils établis entre les timbres des instruments. Ainsi du Scherzo dansant et du Largo où les deux interprètes font chanter une lumineuse connivence. La troisième Consolation – la plus connue - de Liszt transcrite par Steven Isseris, violoncelliste britannique, est comme les cinq autres inspirée du recueil du Sainte-Beuve dédié à Victor Hugo. L’auditeur à l’écoute de cette interprétation à la belle amplitude est plongé dans un climat où la mélancolie le dispute à la méditation, la tristesse à la tendresse. La musique servie de la sorte devient pour chacun en effet «consolation».
Un beau disque, aux climats variés, grave ou dansant, toujours discrètement lyrique, entre ombre et lumière où David Louwerse et François Daudet marient les couleurs mordorées de leurs deux splendides instruments.

Jean Jordy


Richard Strauss, Cello Sonata, Op. 6: I. Allegro con brio
Publié le 12/05/2025 à 17:05.