Nordlicht

Margarita Höhenrieder et Antti Siirala, piano
Nordwestdeutsche Philharmonie, direction Jonathon Heyward. CD Solo Musica.

Nordlicht: aurore boréale. Nul doute que cet enregistrement évoquera à l’auditeur les lumières mystérieuses de cet étrange et rare phénomène atmosphérique. Margarita Höhenrieder nous conduit ainsi dans un programme aux multiples couleurs.
C’est le Concerto pour piano en la mineur, op. 16, d’Edvard Grieg qui ouvre ce CD. cette œuvre célébrissime et consensuelle nous fait entrer avec plaisir dans une atmosphère où les sentiments sont à l’honneur: la fougue, le dynamisme et l’énergie alternent avec le calme et le lyrisme. La pianiste allemande est en totale symbiose avec l’orchestre. Même si cette interprétation n’apporte pas de surprise majeure, elle n’en reste pas moins très profonde et agréable à écouter.
La suite du programme est, pour sa part, plus originale et inattendue.
Vient donc ensuite une courte pièce du compositeur Hjalmar Hegi Ragnarsson intitulée «Stilla», fûr die linke Hand ( «Stilla», pour la main gauche). Cette œuvre est une commande de l’interprète avec une contrainte imposée au compositeur: n’utiliser que la main gauche du pianiste. Cette originalité technique a bien entendu un impact sur le rendu sonore. Là encore, les lumières vives de l’aurore boréale sont là: lumineuses, éclantantes avec des moments plus sombres.
Enfin, le pianiste Antti Siirala rejoint Margarita Höhenrieder pour la Suite 1 et la Suite 2 regroupant des pièces de Peer Gynt, la célèbre musique de scène de Grieg pour la pièce de théâtre d’Ibsen. Bien sûr, on connaît là aussi la version orchestrale avec ses titres incontournables, notamment Au matin, La mort d’Aase ou encore Dans le hall du roi de la montagne. Les 2 pianistes interprètent ici une adaptation pour 4 mains, ce qui change de manière significative certaines pièces. La mort d’Aase, par exemple, est ici jouée dans un tempo bien plus rapide que la version originale très lente confiée aux cordes frottées. Cela donne un nouveau caractère à cette pièce, plus dramatique et tendu. En ce qui concerne Dans le hall du roi de la montagne, le piano à 4 mains se démultiplie pour transcrire l’effet orchestral spectaculaire avec son crescendo et son accelerando. En résumé, une belle transcription magnifiquement interprétée et que l’on écoute avec grand intérêt et grand plaisir.
Un très bel enregistrement à écouter en imaginant les lumières luminescentes et grandioses d’une aurore boréale…

Pierre-Jean Schoen

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On y entend Stilla interprétée au piano par Margarita Höhenrieder et dans le même temps, Bernd Zimmer, peintre, crée un tableau. La performance permet de voir le jeu de la pianiste avec sa seule main gauche, interprétation spectaculaire. Après Stilla, la pianiste enchaîne un programme d’œuvres notamment de Chopin. L’alliance des images du peintre créant son œuvre en direct et de la musique est totalement magnifique.
Publié le 06/05/2025 à 16:33.