Roberto Alagna
60

CD Aparté
Libre. A la fin de l’entretien, à lire dans le livret, qu’il accorde pour célébrer son nouvel enregistrement, Roberto Alagna revendique cette qualité artistique. Le ténor franco-italien né en 1963 – tiens 61 ans! – est désormais libre de choisir ses rôles, ses engagements, ses projets d’enregistrements, d’autres voies à suivre. Il n’a en quelque sorte rien de plus à prouver. Il sait qu’il restera dans l’histoire du chant français et international une référence absolue. Et le programme du disque le prouve hautement. Il reste un immense ténor et il peut même se permettre de parcourir et en huit langues différentes plusieurs siècles de musique, de Pergolèse à Alagna, plusieurs genres, du crossover à Wagner, plusieurs typologies vocales, du Postillon de Lonjumeau à Be My Love, plusieurs styles, d’une Sérénade de Leoncavallo à «In fernem Land» du Lohengrin? Qui oserait ce patchwork sans que la critique ne crie au mélange des genres, à l’impureté de l’entreprise, à l’atteinte au bon goût? Qui surtout parviendrait à exceller dans chacun de ses choix, servant chaque compositeur, chaque personnage avec la même exigence technique, un engagement entier, une qualité d’expression exemplaire, un sens de la situation dramatique pertinent? Le reste est affaire de goût personnel et tel auditeur louera la finesse de l’air de Lensky dans Eugène Onéguine, tel autre savourera «Achi! so fromm» de la Martha de von Flotow. Pour notre part, nous avons craqué pour le délicat «Adieu, Mignon» d’Ambroise Thomas, distillé dans un français admirable de pureté et pour le ravissement de Raoul dans Les Huguenots de Meyerbeer «Plus blanche que la blanche hermine», déclaration d’amour enivrée et enivrante. La diction, la richesse du médium, l’éclat de l’aigu, la souplesse de la ligne, l’ampleur du souffle, l’élégance rappellent quel merveilleux styliste est et reste Alagna. Et Giorgio Croci à la tête d’un Morphing Chamber Orchestra de grande classe est un accompagnateur à la hauteur de l’entreprise.
Si vous voulez faire plaisir aux amoureux de l’art lyrique, pensez à cet enregistrement dont la variété et la richesse séduiront sans coup férir. Joyeux anniversaire, Monsieur Alagna.
Jean Jordy
Libre. A la fin de l’entretien, à lire dans le livret, qu’il accorde pour célébrer son nouvel enregistrement, Roberto Alagna revendique cette qualité artistique. Le ténor franco-italien né en 1963 – tiens 61 ans! – est désormais libre de choisir ses rôles, ses engagements, ses projets d’enregistrements, d’autres voies à suivre. Il n’a en quelque sorte rien de plus à prouver. Il sait qu’il restera dans l’histoire du chant français et international une référence absolue. Et le programme du disque le prouve hautement. Il reste un immense ténor et il peut même se permettre de parcourir et en huit langues différentes plusieurs siècles de musique, de Pergolèse à Alagna, plusieurs genres, du crossover à Wagner, plusieurs typologies vocales, du Postillon de Lonjumeau à Be My Love, plusieurs styles, d’une Sérénade de Leoncavallo à «In fernem Land» du Lohengrin? Qui oserait ce patchwork sans que la critique ne crie au mélange des genres, à l’impureté de l’entreprise, à l’atteinte au bon goût? Qui surtout parviendrait à exceller dans chacun de ses choix, servant chaque compositeur, chaque personnage avec la même exigence technique, un engagement entier, une qualité d’expression exemplaire, un sens de la situation dramatique pertinent? Le reste est affaire de goût personnel et tel auditeur louera la finesse de l’air de Lensky dans Eugène Onéguine, tel autre savourera «Achi! so fromm» de la Martha de von Flotow. Pour notre part, nous avons craqué pour le délicat «Adieu, Mignon» d’Ambroise Thomas, distillé dans un français admirable de pureté et pour le ravissement de Raoul dans Les Huguenots de Meyerbeer «Plus blanche que la blanche hermine», déclaration d’amour enivrée et enivrante. La diction, la richesse du médium, l’éclat de l’aigu, la souplesse de la ligne, l’ampleur du souffle, l’élégance rappellent quel merveilleux styliste est et reste Alagna. Et Giorgio Croci à la tête d’un Morphing Chamber Orchestra de grande classe est un accompagnateur à la hauteur de l’entreprise.
Si vous voulez faire plaisir aux amoureux de l’art lyrique, pensez à cet enregistrement dont la variété et la richesse séduiront sans coup férir. Joyeux anniversaire, Monsieur Alagna.
Jean Jordy
Publié le 19/03/2025 à 18:55.