Halle aux Grains
> 7 mars
David Fray et Renaud Capuçon
Les Grands Interprètes
Photographie par Marco Borggreve
Alors que tant d’œuvres de compositeurs romantiques sont empreintes de mélancolie, de drames ou de nostalgie, le programme proposé dans le cadre des Grands Interprètes exprime au contraire le bonheur, une certaine forme d’apaisement, qui n’exclut pas la fougue et la passion, un regard sur la vie et sur le monde plutôt optimiste. Pourtant ni Schubert et ni Beethoven n’ont été épargnés, mais leur passion de la beauté les aide à dominer et les deux musiciens en donnent une illustration magnifique.
La première partie du concert offre deux œuvres de Schubert. Tout d’abord la célèbre Sonate, dite Grand duo. C’est une très belle démonstration de virtuosité, qui permet à chacun des deux instrumentistes de valoriser son talent. Ils parviennent à un réel équilibre, en fait très maîtrisé, peut-être au détriment de l’émotion. La prestation est magistrale et on imagine bien Schubert proposant aux Esterhazy chez qui il passe l’été cette composition, d’abord prévue pour deux pianos, puis arrangée pour piano et violon. Si elle a plu à ses destinataires initiaux, la sonate ne sera publiée que longtemps après la mort de Schubert en 1851. Légèreté des sons, réminiscences mozartiennes, tout contribue à créer un climat heureux, plein du charme, que l’on retrouve dans le Rondo pour piano et violon du même Schubert, encore une occasion réussie de bien accorder leur jeu pour les deux artistes.
La seconde partie du concert est tout entière consacrée à la Sonate à Kreutzer de Beethoven, composée à peu près au même moment que la Symphonie héroïque. Elle était à l’origine dédiée au violoniste George Bridgetower qui a créé l’œuvre à Vienne aux côtés du compositeur au piano le 24 mai 1803. Les deux hommes se sont apparemment brouillés et Beethoven a changé de dédicataire , choisissant le violoniste Kreutzer, rencontré à l’ambassade de France en 1798, qu’il estimait beaucoup. Malheureusement le violoniste refusa toujours de jouer la sonate en concert, il lui reprochait d’être inintelligible pour le public. Il s’appuyait sans doute sur l’accueil fort réservé de la critique. L’Allgemeine musikalische Zeitung considérait même que Beethoven y avait «poussé le souci de l’originalité jusqu’au grotesque» et qu’il se montrait adepte d’un «terrorisme artistique» . Il s’agit aujourd’hui d’une des sonates pour violon les plus populaires et les plus jouées du répertoire. L’œuvre se compose de trois mouvements: Adagio sostenuto , Andante con Variazioni et Presto, qui s’achève dans une course effrénée, comme par épuisement des deux instruments. La dualité des instruments est poussée à l’extrême, Beethoven affirmant qu’il avait voulu écrire cette sonate dans le style d’un concerto et pour certains critiques, les premier et troisième mouvements constituent «un véritable corps à corps des deux instruments».
Deux bis complètent le programme: tout d’abord le très connu et charmant «Salut d’amour» d’Edward Elgar, suivi du très subtil et raffiné «Après un rêve» de Gabriel Fauré, que la salle applaudit à tout rompre.
Danielle Anex-Cabanis
La première partie du concert offre deux œuvres de Schubert. Tout d’abord la célèbre Sonate, dite Grand duo. C’est une très belle démonstration de virtuosité, qui permet à chacun des deux instrumentistes de valoriser son talent. Ils parviennent à un réel équilibre, en fait très maîtrisé, peut-être au détriment de l’émotion. La prestation est magistrale et on imagine bien Schubert proposant aux Esterhazy chez qui il passe l’été cette composition, d’abord prévue pour deux pianos, puis arrangée pour piano et violon. Si elle a plu à ses destinataires initiaux, la sonate ne sera publiée que longtemps après la mort de Schubert en 1851. Légèreté des sons, réminiscences mozartiennes, tout contribue à créer un climat heureux, plein du charme, que l’on retrouve dans le Rondo pour piano et violon du même Schubert, encore une occasion réussie de bien accorder leur jeu pour les deux artistes.
La seconde partie du concert est tout entière consacrée à la Sonate à Kreutzer de Beethoven, composée à peu près au même moment que la Symphonie héroïque. Elle était à l’origine dédiée au violoniste George Bridgetower qui a créé l’œuvre à Vienne aux côtés du compositeur au piano le 24 mai 1803. Les deux hommes se sont apparemment brouillés et Beethoven a changé de dédicataire , choisissant le violoniste Kreutzer, rencontré à l’ambassade de France en 1798, qu’il estimait beaucoup. Malheureusement le violoniste refusa toujours de jouer la sonate en concert, il lui reprochait d’être inintelligible pour le public. Il s’appuyait sans doute sur l’accueil fort réservé de la critique. L’Allgemeine musikalische Zeitung considérait même que Beethoven y avait «poussé le souci de l’originalité jusqu’au grotesque» et qu’il se montrait adepte d’un «terrorisme artistique» . Il s’agit aujourd’hui d’une des sonates pour violon les plus populaires et les plus jouées du répertoire. L’œuvre se compose de trois mouvements: Adagio sostenuto , Andante con Variazioni et Presto, qui s’achève dans une course effrénée, comme par épuisement des deux instruments. La dualité des instruments est poussée à l’extrême, Beethoven affirmant qu’il avait voulu écrire cette sonate dans le style d’un concerto et pour certains critiques, les premier et troisième mouvements constituent «un véritable corps à corps des deux instruments».
Deux bis complètent le programme: tout d’abord le très connu et charmant «Salut d’amour» d’Edward Elgar, suivi du très subtil et raffiné «Après un rêve» de Gabriel Fauré, que la salle applaudit à tout rompre.
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 18/03/2024 à 18:27, mis à jour le 18/03/2024 à 18:34.