Halle aux Grains
> 17 février

Une certaine âme d’enfant

Grands Interprètes
Photographie par Simion Fowler
Orchestre de chambre de Lausanne
Renaud Capuçon


Directeur artistique de l’OCL depuis quelques années, Renaud Capuçon poursuit la démarche d’excellence amorcée par le fondateur de l’orchestre en 1942, Victor Desarzens. Le programme choisi permet à la fois d’apprécier les qualités de l’orchestre et le talent du chef qui dirige et dirige en même temps qu’il joue.
La subtilité de Fauré, dans la sublime suite Pelléas et Mélisande, est palpable. La direction tout en douceur permet de mettre en valeur tous les musiciens qui donnent le meilleur d’eux-mêmes au point que cette suite, pourtant si connue, apparaît renouvelée pour le plus grand bonheur des auditeurs. Suit le Concerto 9 du chevalier Saint-George auquel Renaud Capuçon donne une tournure joyeuse, mêlant virtuosité et élégance. Le compositeur, né d’une mère esclave et d’un père blanc, militaire pendant la guerre d’indépendance américaine, était la figure du concerto pour violon à la fin de l’Ancien régime et ce ne sont d’ailleurs que ses concertos pour violon ou presque qui ont survécu à la révolution. Ils sont dans la ligne de l’école de Naples illustrée par Hasse et Porpora. Le violoniste a l’air ravi de jouer une œuvre qu’il fait découvrir avec une cadence tout à fait remarquable.
Le concerto de Mozart, peut-être le plus joué de ses concertos, a sans doute subi l’influence de Saint George lors du séjour parisien du compositeur, qui ne les lui a pas pour autant dédicacés pas plus qu’il ne lui a donné l’opportunité de les créer.
Renaud Capuçon est très à l’aise, mais tout en mettant tout son talent dans son rôle de soliste il n’oublie pas de donner la plus grande attention à l’orchestre qui est manifestement en phase avec son chef. C’est un très beau moment, plein de grâce et d’émotion.
Enfin, Les Contes de ma mère l’Oye concluent le programme. Cette pièce, si connue qu’elle soit, a retrouvé une sorte de fraîcheur joyeuse. On en retrouverait presque son âme d’enfant. Le public applaudit longuement et l’orchestre propose deux bis une mélodie d’Elgar puis une autre de Sibélius, glissant ainsi un peu plus vers la modernité. Soulignons que le chef ne se met pas en avant en donnant des bis magnifiant son art, mais choisit avec l’orchestre d’offrir un cadeau collectif. Chapeau l’artiste!

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 27/02/2023 à 18:16, mis à jour le 27/02/2023 à 18:18.