Halle aux grains
> 21 janvier

Songes et flammes

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Benjamin Ealovega
Viktoria Mullova, violon
Gergely Madaras, direction


Viktoria Mullova, grande dame du violon, a enregistré au moins deux fois le concerto 2 de Sergueï Prokofiev. C’est dire les grandes affinités qui la lient à cette partition. Son interprétation, de songe et de feu, ne peut qu’envoûter son auditoire. Elle en souligne très intelligemment sa parenté avec la musique du ballet «Roméo et Juliette» du même auteur et se plonge dans un chant éperdu qui magnifie toutes les émotions contenues de la partition. L’accompagnement du chef hongrois Gergely Madaras, souple et léger, maintient tout le long un aérien flux mélodique.
Cette excellente interprétation se prolonge encore dans l’Andante de la sonate 2 de Johann Sebastian Bach donnée en bis.
Le concerto pour orchestre de Béla Bartók et les Minutes symphoniques de Ernő Dohnányi, contemporain et ami du premier, relèvent sensiblement de la même esthétique et sont dans l’A. D. N. du chef hongrois.
Dans la première œuvre, donnée après l’entracte, une foison de couleurs sombres dessinent tout un monde crépusculaire. Les cordes tranchantes s’opposent aux bois champêtres et un timbalier fou emporte tout sur son passage offrant, ainsi, une vision faite de grandeur et d’hédonisme.
Dans la seconde, qui ouvrait le concert, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse scintille de mille feux sans se départir d’un doux sentiment de nostalgie qui imprègne la partition de ce mini concerto pour orchestre au parfum joyeusement folklorique. On ne peut qu’applaudir.

Jean-Félix Marquette
Publié le 02/02/2023 à 18:28.