Marie-Ange Nguci, piano
Robert Trevino, direction

Pour son retour à la Halle aux Grains, le chef américain Robert Trevino accompagne la pianiste franco-albanaise Marie-Ange Nguci dans une Rhapsodie sur un Thème de Paganini de Serge Rachmaninov incendiaire. Dans une entente parfaite, arborant un lyrisme sans complexe, leur interprétation, qui ne néglige jamais la tension rythmique sous-jacente, privilégie la dimension physique de l’œuvre. La puissance du jeu de cette jeune pianiste reste impressionnante comme elle le sera dans le premier bis: la cadence finale du concerto pour la main gauche de Maurice Ravel jouée sans accompagnement orchestral. Plus intimiste, le second, une pièce rare de Camille Saint-Saëns: Les Cloches du soir, révèlera une toute autre facette de cette artiste: l’élégance.
Robert Trevino avec son orchestre: l’Orchestre national basque enregistre l’œuvre pour orchestre de Maurice Ravel chez l’éditeur finlandais Ondine. Ce soir, avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse en grande forme, il nous donne une Rapsodie espagnole du même auteur gorgée de couleurs vives qui respire une douce langueur et une sensualité assumée. Tous les pupitres rivalisent de brio pour dessiner avec une rare netteté une ouverture d’opéra imaginaire aussi festif que passionné.
Dans Ein Heldenleben ( Une vie de héros) de Richard Strauss à la joyeuse cruauté, Robert Trevino nous offre un spectacle grandiose où son orchestre d’un soir, à l’image du premier violon l’éblouissante Jaewon Kim, se déchaîne, exaspérant les contrastes et gommant les quelques boursouflures de la partition, pour nous livrer tous les différents épisodes de cette Vie avec panache et fluidité.
L’Orchestre du Capitole nous quitte alors après une danse hongroise de Brahms effrénée.

Jean-Félix Marquette