Alchimie

Trio Orpheus
Francine Trachier, violon; Stephan Soeder, violoncelle; Gabriel Bestion de Camboulas, orgue. CD Calliope.

Violon, violoncelle et orgue, telle est la formation instrumentale pour le moins insolite que forme le trio Orpheus. À travers des œuvres de Liszt, Rheinberger et Saint-Saëns, nous découvrons avec bonheur cette alliance de timbres qui forme véritablement une réelle Alchimie, comme l’annonce le titre du CD.
C’est vraiment ce qui frappe dès les premières secondes d’écoute. Les deux instruments à cordes s’unissent à l’orgue dans une pâte sonore envoûtante. Le travail très soigné de registration de l’orgue contribue à cette union quasi parfaite, les attaques flûtées des jeux de fonds se confondant parfois presque avec les coups d’archets des cordes frottées. Notons enfin que la prise de son a dû faire l’objet d’une attention toute particulière, la balance entre les trois protagonistes étant parfaite.
Le répertoire choisi met à l’honneur le XIXe siècle, alors qu’il était à la mode d’arranger des œuvres en faisant intervenir des orgues de salon.
Orpheus, poème symphonique de Liszt ouvre le programme et nous plonge dans cette ambiance romantique.
Celle-ci se poursuit avec une Suite de Rheinberger, compositeur munichois. Les quatres mouvements font dialoguer les trois instruments de manière équilibrée. La Sarabande (troisième mouvement) est un magnifique moment d’expressivité.
On découvre ensuite une transcription de Gabriel Bestion de Camboulas de la célébrissime Danse macabre de Camille Saint-Saëns. Il est savoureux d’entendre ce poème symphonique dont l’argument sent le soufre joué sur un orgue, instrument trop souvent étiqueté comme exclusivement sacré! Cette adaptation intelligente exploite encore au mieux le potentiel de ce trio atypique et l’écoute de cette version est enthousiasmante.
Mettons enfin l’accent sur une composition de l’organiste interprète de ce trio, Variations in memoriam Rheinberger, qui fait donc écho à la Suite de ce compositeur interprété plus tôt. Un exercice très réussi d’écriture «dans la style de» mais qui montre cependant une réelle inspiration musicale.
Tout concourt donc à la très grande réussite de cet enregistrement: choix des œuvres, adaptations, grande qualité des artistes sans oublier le choix de l’orgue. C’est l’orgue de chœur de l’église Saint-Paul-Saint-Louis de Paris qui a été choisi. Sa palette sonore est splendide et l’accord avec les cordes parfait.
Vraiment splendide!

Pierre-Jean Schoen
Publié le 15/11/2022 à 11:48.