Ian Bostridge

Tormento d’Amore
Capella Neapolitana, Antonio Florio.
CD Warner Classic


Ce programme nous propose un florilège de musiques italiennes du XVIIe jusqu’au milieu XVIIIe siècle. Ce projet discographique a l’intelligence de ne pas uniquement proposer que des «tubes» du répertoire baroque, écoutez par exemple la Sinfonia de l’Orfeo que compose Sartorio d’une écriture toute aussi savante que celle de Stradella. Parmi ces raretés, on peut aussi s’intéresser à la musique de Francesco Provenzale, compositeur majeur napolitain de la période baroque. Sa musique met en valeur le chanteur sans l’artifice virtuose. En particulier l’aria Che speri mio Core, où avec une écriture volontairement épurée, le compositeur parvient à captiver l’auditeur tout au long du discours.
Un disque servi par des interprètes de rêves, avec tout d’abord Antonio Florio rompu à ce répertoire depuis des années où la rhétorique de cette musique lui sied à merveille. Quelle intelligence dans l’accompagnement, quel phrasé! Rien ne manque y compris l’émotion dans les Lamenti, si bien exécutés. Ecoutez l’air de Farnace de Vivaldi nous sommes aux antipodes de certaines interprétations bien outrancières de ses compatriotes (Il Giardiono armonico) et c’est tant mieux.
Nous n’attendions pas Ian Bostridge dans ce répertoire si éloigné de sa culture. Mais là aussi, nous avons à faire à un interprète d’une sublime intelligence qui assimile avec brio cette musique italienne. Les passages les plus virtuoses sont exécutés sans contraintes mais surtout sans sacrifier à la musicalité et à l’émotion. Tout juste peut-on émettre quelques réserves sur la diction perfectible de ce grand artiste. Mais tout cela n’est que détail dans ce programme totalement convaincant.
Très belle prise de son, beau relief.

Michel Pertile
Publié le 14/09/2022 à 19:33, mis à jour le 15/09/2022 à 22:46.