Une messe en si élégante et souple
Festival de Sablé
L’extraordinaire église militaire du Prytanée était pleine à craquer en cette après-midi. Le festival de Sablé, sous la direction artistique d’Alice Orange, a programmé une œuvre phare du père de la musique en en proposant au public une préparation idéale à la dégustation de ce monument. D’abord un déjeuner sur l’herbe avec Françoise Lassere nous a permis de comprendre et la grande honnêteté de la démarche et le pourquoi du choix d’une version à tout petit chœur. Rattachant cette partition à la musique du XVIIè que Françoise Lassere affectionne, s’appuyant sur un travail privilégié avec chaque chanteur la direction de Françoise Lassere ne recherche pas l’emphase mais au contraire le travail un à un, en sa précision et sa clarté. La conférence brillante et vivante de Gilles Cantagrel a replacé la messe dans son temps et dans l’œuvre de Bach. L’érudition et la passion se sont associées afin que le temps de cette conférence paraisse infime tant l’intérêt a été stimulé par un conférencier au charisme rare. Le public ainsi accompagné a pu déguster toute la richesse de l’interprétation proposée.
Les solistes ont été du côté des dames absolument idéales. Hasna Bennani est devenue une belle voix lyrique, ronde et délicatement fruitée alors qu’elle n’était qu’un jeune espoir il y a un an. L’espoir est devenu une confirmation éclatante de la force merveilleuse de la génération montante. Son Laudamus te a fait preuve de la précision des ornements dans une ligne de chant châtiée. Mélodie Ruvio est une artiste bénéficiant d’une très belle voix d’alto particulièrement homogène avec un léger métal assurant au timbre une belle présence. Le texte est toujours admirablement compréhensible. Dans le duo soprano/ténor l’équilibre est bien pondéré et la soprano parait plus fruitée de loin confirmant la dimension lyrique de la voix; le ténor, Julian Prégardian, a une excellente projection et une parfaite lisibilité du texte. Dans le Benedictus il exprime une belle musicalité dans un travail d’écoute très fin avec la basse continue et la flûte, au point que Françoise Lassere ne les dirigea pas tant l’osmose était parfaite. La basse solo, Benoît Arnould a été dépassée par le grave de la tessiture dans le Quoniam mais le cor solo a été absolument fabuleux de nuances, capable d’un début piano quasi irréel. Les deux bassons debout ont montré une implication totale. Dans son deuxième air Et in spiritum sanctum la danse avec les deux hautbois et le continuo a été un régal et l’interprète dégagé des soucis de tessiture se montre extrêmement intéressant dans ses échanges gourmands avec les instrumentistes. Le chœur formé de trois chœurs de solistes est placé de manière difficile pour les chanteurs, parfois isolées dans sa tessiture certaines voix ont semblé se perdre (alti). La disposition finale évitant d’isoler certains chanteurs a permis de constater que le déséquilibre au profit des basses et des ténors ressenti précédemment venait de la disposition et non des chanteurs. Que dire du choix de Françoise Lassere concernant le chœur si ce n’est que la parfaite lisibilité et la clarté recherchée n’a pas été tout le temps présente. Les effets d’amplification du quatuor de solistes vers le chœur a bien fonctionné, mais il a chaque fois manqué une marge de progression dynamique (celle des grands chœurs). Les instrumentistes de l’orchestre ont été parfaits d’implication et de beauté sonore. La direction généreuse, souriante et souple de Françoise Lassere a fédéré tous les artistes, musiciens et chanteurs tout au long de la messe. Cette générosité et ce partage ont été palpables lors du bis pour lequel la chef a invité les choristes de la salle connaissant la partition a les rejoindre pour un intense moment d’émotion.
Une belle version de cette messe en si, dont nous savons qu’aucun interprète ne révèle jamais toutes les richesses, a été proposée au Festival de Sablé cet été.
Hubert Stoecklin
Festival de Sablé 2012. 24 août 2012. Eglise Saint-Louis, Prytanée National Militaire, La Flèche. Johann Sebastian Bach (1685-1750); Messe en Si. Hasnaa Bennani, soprano; Mélodie Ruvio, alto; Julian Prégardien, ténor; Benoît Arnould, basse; Akadêmia Direction: Françoise Lasserre.
Les solistes ont été du côté des dames absolument idéales. Hasna Bennani est devenue une belle voix lyrique, ronde et délicatement fruitée alors qu’elle n’était qu’un jeune espoir il y a un an. L’espoir est devenu une confirmation éclatante de la force merveilleuse de la génération montante. Son Laudamus te a fait preuve de la précision des ornements dans une ligne de chant châtiée. Mélodie Ruvio est une artiste bénéficiant d’une très belle voix d’alto particulièrement homogène avec un léger métal assurant au timbre une belle présence. Le texte est toujours admirablement compréhensible. Dans le duo soprano/ténor l’équilibre est bien pondéré et la soprano parait plus fruitée de loin confirmant la dimension lyrique de la voix; le ténor, Julian Prégardian, a une excellente projection et une parfaite lisibilité du texte. Dans le Benedictus il exprime une belle musicalité dans un travail d’écoute très fin avec la basse continue et la flûte, au point que Françoise Lassere ne les dirigea pas tant l’osmose était parfaite. La basse solo, Benoît Arnould a été dépassée par le grave de la tessiture dans le Quoniam mais le cor solo a été absolument fabuleux de nuances, capable d’un début piano quasi irréel. Les deux bassons debout ont montré une implication totale. Dans son deuxième air Et in spiritum sanctum la danse avec les deux hautbois et le continuo a été un régal et l’interprète dégagé des soucis de tessiture se montre extrêmement intéressant dans ses échanges gourmands avec les instrumentistes. Le chœur formé de trois chœurs de solistes est placé de manière difficile pour les chanteurs, parfois isolées dans sa tessiture certaines voix ont semblé se perdre (alti). La disposition finale évitant d’isoler certains chanteurs a permis de constater que le déséquilibre au profit des basses et des ténors ressenti précédemment venait de la disposition et non des chanteurs. Que dire du choix de Françoise Lassere concernant le chœur si ce n’est que la parfaite lisibilité et la clarté recherchée n’a pas été tout le temps présente. Les effets d’amplification du quatuor de solistes vers le chœur a bien fonctionné, mais il a chaque fois manqué une marge de progression dynamique (celle des grands chœurs). Les instrumentistes de l’orchestre ont été parfaits d’implication et de beauté sonore. La direction généreuse, souriante et souple de Françoise Lassere a fédéré tous les artistes, musiciens et chanteurs tout au long de la messe. Cette générosité et ce partage ont été palpables lors du bis pour lequel la chef a invité les choristes de la salle connaissant la partition a les rejoindre pour un intense moment d’émotion.
Une belle version de cette messe en si, dont nous savons qu’aucun interprète ne révèle jamais toutes les richesses, a été proposée au Festival de Sablé cet été.
Hubert Stoecklin
Festival de Sablé 2012. 24 août 2012. Eglise Saint-Louis, Prytanée National Militaire, La Flèche. Johann Sebastian Bach (1685-1750); Messe en Si. Hasnaa Bennani, soprano; Mélodie Ruvio, alto; Julian Prégardien, ténor; Benoît Arnould, basse; Akadêmia Direction: Françoise Lasserre.
Publié le 04/09/2012 à 18:11, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.