George Gershwin
Daniel Propper, piano
George Gershwin; Rhapsody in Blue, Three Preludes, The Songbook, Improvisations et autres pièces pour piano. Daniel Propper, Toccatina. Daniel Propper, piano. CD forgotten records
Quel styliste! Et quel instrument! Le pianiste suédois Daniel Propper, arrangeur, compositeur, familier de l’œuvre de Grieg, a dans son catalogue de nombreux enregistrements dont l’éclectisme ravira les amoureux de musiques (au pluriel), ceux qui ne dressent pas des murs étanches entre elles… quand elles sont bonnes et comme ici si magnifiquement interprétées. De Stockholm à Paris, en passant par Salzbourg, les apprentissages, les rencontres, les humeurs, la liberté et le goût d’apprendre l’ont conduit partout. Ce citoyen du monde a gagné dans ces voyages une aisance, une légèreté, une élégance qui servent à merveille ce disque consacré presque exclusivement à George Gershwin, non pour graver une intégrale, mais pour grappiller l’essentiel, le plus chantant dans ce répertoire festif. Et c’est une joie que renouvellent les 30 plages du CD écouté en boucle. L’ultime, la 31°, très virtuose est une page de Daniel Propper lui -même. Sa durée, son titre (Toccatina, 1’42) suffisent à dire l’humilité, l’humeur vagabonde, l’esprit d’insouciance d’un artiste qui ne veut pas peser, juste mettre au cœur et aux lèvres un sourire. Ainsi de la célébrissime Rhapsody in Blue inaugurale dans une version pour piano seul, débarrassée de son poids de tradition un peu trop sonore, ici livrée dans une nudité discrète. Et elle se meut, plus alerte, plus vive, plus chantante. Plus intime aussi. Alors que la partition et la transcription sont très «écrites», à l’écoute du pianiste l’auditeur a le sentiment d’une improvisation constante, raffinée et subtile, guidée par le climat enjoué de l’âme. L’instrument choisi, un Steinwey B «classique», déploie un large spectre de nuances que le toucher subtil de l’interprète enrichit encore d’irisations chatoyantes. Ne nous y trompons pas. Sous son apparente facilité, Gershwin, grand musicien féru de compositeurs classiques exige une technique d’acier. Seul un styliste comme Daniel Propper sait en rendre l’approche facile, mélodieuse, souple, finement rythmée. Les Trois Préludes et le Gershwin Songbook chantent et dansent avec une liberté d’allure, une dégaine élégante, un chic un rien sophistiqué, une légèreté séduisante. On songe aux pas qu’un Fred Astaire (grand ami du compositeur) ou un Gene Kelly inventeraient ainsi portés. Tout le disque est à l’avenant, joué par un virtuose qui serait aussi chorégraphe d’une comédie musicale enlevée avec la rigueur et le charme qui s’imposent. La Second Rhapsody est un arrangement pour piano que Daniel Propper à construit à partir d’un fragment et cette réécriture confirme les qualités de musicien de cet artiste virtuose qui conjugue la technique d’un pianiste «classique» et les audaces rythmiques et harmoniques du jazzman. Elle complète un récital où surgit tout un pan de la culture musicale américaine, du burlesque à la danse jazz, et cela swingue avec jubilation.
On s’étonne qu’un tel album bénéficie (si on peut dire) d’une notice au titre si ronflant «Gershwin, entre immanence et transcendance», dont le propos s’avère fort heureusement plus modeste et plus digeste. Cela n’altère en rien le plaisir éprouvé à l’écoute réitérée d’un enregistrement auquel on reviendra quand les cieux seront sombres, pour illuminer le cœur. George Gershwin s’interrogeait: «Jouera-t-on encore ma musique dans 100 ans?». La réussite de ce disque signé Daniel Propper le rassurerait pleinement.
Jean Jordy
Quel styliste! Et quel instrument! Le pianiste suédois Daniel Propper, arrangeur, compositeur, familier de l’œuvre de Grieg, a dans son catalogue de nombreux enregistrements dont l’éclectisme ravira les amoureux de musiques (au pluriel), ceux qui ne dressent pas des murs étanches entre elles… quand elles sont bonnes et comme ici si magnifiquement interprétées. De Stockholm à Paris, en passant par Salzbourg, les apprentissages, les rencontres, les humeurs, la liberté et le goût d’apprendre l’ont conduit partout. Ce citoyen du monde a gagné dans ces voyages une aisance, une légèreté, une élégance qui servent à merveille ce disque consacré presque exclusivement à George Gershwin, non pour graver une intégrale, mais pour grappiller l’essentiel, le plus chantant dans ce répertoire festif. Et c’est une joie que renouvellent les 30 plages du CD écouté en boucle. L’ultime, la 31°, très virtuose est une page de Daniel Propper lui -même. Sa durée, son titre (Toccatina, 1’42) suffisent à dire l’humilité, l’humeur vagabonde, l’esprit d’insouciance d’un artiste qui ne veut pas peser, juste mettre au cœur et aux lèvres un sourire. Ainsi de la célébrissime Rhapsody in Blue inaugurale dans une version pour piano seul, débarrassée de son poids de tradition un peu trop sonore, ici livrée dans une nudité discrète. Et elle se meut, plus alerte, plus vive, plus chantante. Plus intime aussi. Alors que la partition et la transcription sont très «écrites», à l’écoute du pianiste l’auditeur a le sentiment d’une improvisation constante, raffinée et subtile, guidée par le climat enjoué de l’âme. L’instrument choisi, un Steinwey B «classique», déploie un large spectre de nuances que le toucher subtil de l’interprète enrichit encore d’irisations chatoyantes. Ne nous y trompons pas. Sous son apparente facilité, Gershwin, grand musicien féru de compositeurs classiques exige une technique d’acier. Seul un styliste comme Daniel Propper sait en rendre l’approche facile, mélodieuse, souple, finement rythmée. Les Trois Préludes et le Gershwin Songbook chantent et dansent avec une liberté d’allure, une dégaine élégante, un chic un rien sophistiqué, une légèreté séduisante. On songe aux pas qu’un Fred Astaire (grand ami du compositeur) ou un Gene Kelly inventeraient ainsi portés. Tout le disque est à l’avenant, joué par un virtuose qui serait aussi chorégraphe d’une comédie musicale enlevée avec la rigueur et le charme qui s’imposent. La Second Rhapsody est un arrangement pour piano que Daniel Propper à construit à partir d’un fragment et cette réécriture confirme les qualités de musicien de cet artiste virtuose qui conjugue la technique d’un pianiste «classique» et les audaces rythmiques et harmoniques du jazzman. Elle complète un récital où surgit tout un pan de la culture musicale américaine, du burlesque à la danse jazz, et cela swingue avec jubilation.
On s’étonne qu’un tel album bénéficie (si on peut dire) d’une notice au titre si ronflant «Gershwin, entre immanence et transcendance», dont le propos s’avère fort heureusement plus modeste et plus digeste. Cela n’altère en rien le plaisir éprouvé à l’écoute réitérée d’un enregistrement auquel on reviendra quand les cieux seront sombres, pour illuminer le cœur. George Gershwin s’interrogeait: «Jouera-t-on encore ma musique dans 100 ans?». La réussite de ce disque signé Daniel Propper le rassurerait pleinement.
Jean Jordy
Publié le 17/11/2021 à 18:41, mis à jour le 17/11/2021 à 18:44.