Halle aux grains
> 3 octobre

Leçons de maîtres

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Jurriaan Brobber
Maxim Emelyanychev, direction
Ishay Shaer, piano


C’est toujours un grand plaisir que d’accueillir Maxim Emelyanychev à la Halle aux Grains. Son programme associe fort intelligemment comme dans un esprit de filiation, Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven.
La symphonie 95 du premier, parangon du classicisme comme, du reste, les onze autres Londoniennes, sous sa baguette enchanteresse, acquiert un réel sens du chant, une précision de trait et une finesse d’esprit rares. Tout semble couler de source, et son orchestre d’un soir, premiers et seconds violons placés de part et d’autre, les timbales entre les vents et les cordes, affiche une énergie et un élan irrésistibles. Un seul mot pour définir cette interprétation: le panache.
Du second, le concerto pour piano 4 et la symphonie 8 afficheront le même élan et la même énergie.
Le pianiste israélien Ishav Shaer expose dans le concerto un visage rajeuni du maître de Bonn. Épurée, comme décantée, sa lecture toute en nuances, lumineuse et poétique, respire dans les hautes sphères, d’autant que l’accompagnement de Maxim Emelyanychev et de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, chargé d’une électricité prégnante, élève le discours avec une légèreté quasi mozartienne. Pour parfaire cette interprétation, Ishav Shaer reprend, lors du bis demandé par des applaudissements nourris, la cadence du premier mouvement qu’il enchaîne avec le choral «Jésus que ma joie demeure» de Johann Sebastian Bach dans sa transcription pour piano de Feruccio Busoni.
La huitième symphonie, cravachée comme jamais, tumultueuse mais légère à la fois, aussi mozartienne qu’haydnienne, devient une danse folle s’élançant dans un tourbillon infernal sans fin. On ne demande qu’à s’y laisser emporter.

Jean-Félix Marquette
Publié le 21/10/2020 à 00:12, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.