Théâtre du Capitole
> 26 septembre
Cosi fan tutte
Photographies par Mirco Magliocca
Programmé en remplacement des Pêcheurs de Perles trop peuplé sur scène en période de mesures sanitaires, Cosi est un vrai bonheur pour la réouverture du Capitole. La direction a acheté une coproduction du château de Versailles et du Slottsteater de Drottingholm, conçue dans le même esprit qu’une Flûte enchantée de légende filmée dans ce même théâtre par Ingmar Bergman en 1975. Un décor simple de panneaux textiles qu’on tire ou ferme, peu d’accessoires, des costumes plutôt sobres, charmants, sauf le déguisement des faux Albanais qui joue sur les culottes bouffantes des evzones et les rayés des bayadères permettant d’étourdissantes pirouettes. Un cadre voulu de petit théâtre qui resserre l’intrigue grâce à une mise en scène habile et astucieuse, toute en suggestions.
Dans ce cadre raffiné à souhait, l’atmosphère est à la farce, reposant sur tous les quiproquos du livret, on frise le drame, mais au dernier moment on l’évite, en tout cas on peut le penser. On sait par sa correspondance combien Mozart aimait les bouffonneries, tout en étant un cœur tendre, anxieux dès que Constance s’éloignait. Rires et larmes ne sont jamais très loin et cette dualité est parfaitement restituée par la mise en scène, le jeu d’acteurs des chanteurs. Cela permet ainsi aux spectateurs, heureux de retrouver leur théâtre, de goûter au bonheur de voix en direct. Les quelques choristes requis chantent à partie des loges, ce qui donne un écho tout particulier en respectant la nécessaire distanciation.
Du côté musique, il faut saluer la prouesse de chanteurs engagés pour Bizet et qui se retrouvent dans l’intrigue de Cosi. Pour les solistes, c’est souvent une première au Capitole et une prise de rôle. Commençons par les deux belles: Anne-Catherine Gillet est une délicieuse Fiordiligi, piquante à souhait et donne au rôle une gaîté pleine de fraîcheur. Elle sert très bien les grands airs. Julie Boulianne a peut-être un peu plus de mal au démarrage – manque de confiance? – mais s’épanouit au deuxième acte. Sandrine Buendia assume un rôle tout en pitreries et facéties, que ce soit dans ses conversations avec les deux sœurs ou en complotant avec don Alfonso. Elle s’amuse et nous amuse et l’idée d’en avoir fait un personnage un peu androgyne est astucieuse, lui permettant tous les registres en renforçant le côté comique de sa prestation. Les deux amoureux, perdants du pari et échaudés surtout par le comportement de leurs belles, sont très à l’aise dans leurs rôles et enfin Jean-Fernand Setti campe un don Alfonso convaincant . Sa voix est prometteuse et on peut penser que d’ici quelques années il sera à l’aise dans des rôles plus lourds. On l’entendra à nouveau au Capitole dans Pelleas et Mélisande.
Une superbe soirée, avec l’espoir que la détermination de la direction du Capitole et des musiciens à tenir bon envers et contre tout nous permette d’en avoir d’autres avant que le vaccin nous délivre tous des affres du virus…
Danielle Anex-Cabanis
Dans ce cadre raffiné à souhait, l’atmosphère est à la farce, reposant sur tous les quiproquos du livret, on frise le drame, mais au dernier moment on l’évite, en tout cas on peut le penser. On sait par sa correspondance combien Mozart aimait les bouffonneries, tout en étant un cœur tendre, anxieux dès que Constance s’éloignait. Rires et larmes ne sont jamais très loin et cette dualité est parfaitement restituée par la mise en scène, le jeu d’acteurs des chanteurs. Cela permet ainsi aux spectateurs, heureux de retrouver leur théâtre, de goûter au bonheur de voix en direct. Les quelques choristes requis chantent à partie des loges, ce qui donne un écho tout particulier en respectant la nécessaire distanciation.
Du côté musique, il faut saluer la prouesse de chanteurs engagés pour Bizet et qui se retrouvent dans l’intrigue de Cosi. Pour les solistes, c’est souvent une première au Capitole et une prise de rôle. Commençons par les deux belles: Anne-Catherine Gillet est une délicieuse Fiordiligi, piquante à souhait et donne au rôle une gaîté pleine de fraîcheur. Elle sert très bien les grands airs. Julie Boulianne a peut-être un peu plus de mal au démarrage – manque de confiance? – mais s’épanouit au deuxième acte. Sandrine Buendia assume un rôle tout en pitreries et facéties, que ce soit dans ses conversations avec les deux sœurs ou en complotant avec don Alfonso. Elle s’amuse et nous amuse et l’idée d’en avoir fait un personnage un peu androgyne est astucieuse, lui permettant tous les registres en renforçant le côté comique de sa prestation. Les deux amoureux, perdants du pari et échaudés surtout par le comportement de leurs belles, sont très à l’aise dans leurs rôles et enfin Jean-Fernand Setti campe un don Alfonso convaincant . Sa voix est prometteuse et on peut penser que d’ici quelques années il sera à l’aise dans des rôles plus lourds. On l’entendra à nouveau au Capitole dans Pelleas et Mélisande.
Une superbe soirée, avec l’espoir que la détermination de la direction du Capitole et des musiciens à tenir bon envers et contre tout nous permette d’en avoir d’autres avant que le vaccin nous délivre tous des affres du virus…
Danielle Anex-Cabanis
Publié le 06/10/2020 à 19:26, mis à jour le 06/10/2020 à 19:33.