Marina Chiche et Aurélien Pontier
18 miniatures pour violon
Post-sciptum, Marina Chiche, violon, Aurélien Pontier, piano. Tribute to Heifetz et Kreisler. NoMadMusic CD 61’21.
Trois titres ou sous titres cherchent à cerner sur la pochette le contenu de cet album: Post-scriptum, 18 Miniatures pour violon, Hommage à Heifetz et Kreisler. J’en ajouterais volontiers un quatrième, Desserts gourmands. De quoi s’agit-il en effet? Marina Chiche au violon accompagné finement par Aurélien Pontier – dont Utmisol a récemment chroniqué l’excellent disque de Transcriptions et Paraphrases de Liszt - interprète ces petits riens virtuoses excédant rarement quatre minutes qui constituent les bis brillants ou sucrés des fins de récitals. Et c’est un plaisir de goûter à cette carte de dix-huit instants de légèreté, d’apesanteur souriante ou nostalgique où l’auditeur admire moins la technique accomplie qu’il ne savoure le bonheur offert, l’émoi partagé. Après la concentration, la tension du concert, s’exhalent dans ces précieuses bagatelles la liberté apaisée du musicien, la grâce ludique d’une musique sans d’autre ambition que la séduction, sans d’autre fin qu’un extrait d’émotion distillée: ainsi des Mendelssohn, Korngold, Achron, Fauré, Foster. S’en lasse-t-on? Pas une seconde et le miracle de ce disque est de renouveler incessamment la surprise, de susciter constamment le goût du revenez-y, de braver le risque du péché (de gourmandise). Le choix des œuvres et de leur enchaînement y est pour beaucoup, et saluons d’abord la place accordée à Fritz Kreisler (1875 – 1962), brillant violoniste viennois, créateur du Concerto d’Elgar, compositeur de brèves pièces de salon et de centaines d’arrangements, représenté ici par cinq mignardises dont le Joli romarin initial et un Plaisir d’amour raffiné. Son Tambourin chinois offre un dépaysement rythmé d’une exotique fraîcheur. L’hommage au grand Jascha Heifetz (1901 -1987) dont la renommée internationale comme virtuose a parcouru le siècle et perdure par ses enregistrements, se nourrit des arrangements ou transcriptions d’œuvres de Rachmaninoff, Debussy ou Schumann. Qui ne tomberait sous le charme de Jeanie with the light brown hair (Foster/Heifetez)? Et puisqu’il s’agit de séduire et de sourire, on admire l’art des pirouettes finales, signature clin d’œil au bas du tableautin qui parachève l’interprétation d’un Banjo et Fiddle de Kroll, d’une Guitare ou d’un Tambourin. Toutes les pièces réunies, savamment égrenées, ont pour vertu, telle en effet la madeleine proustienne qu’évoque Marina Chiche dans sa présentation, de faire surgir du creux de la mémoire la vignette d’un paysage, le souvenir d’une rencontre, le parfum d’une mélodie de valse (viennoise comme il sied ici). Ces moments musicaux deviennent ainsi joués des précipités de sensations. Ils ne développent ce pouvoir que parce leurs interprètes ont pour les mettre en scène une distinction, une élégance, une finesse de touche, une palette sensitive, un art des nuances les plus délicates, un humour aussi, qui subliment leur maîtrise technique des instruments. Merci à eux, virtuoses subtils et benoîtement complices, de nous inviter à déguster ces petites douceurs qu’en ces temps troublés on savoure avec délice sans une once de culpabilité, la joie au cœur.
Jean JORDY
Écouter un extrait sur YouTube
Trois titres ou sous titres cherchent à cerner sur la pochette le contenu de cet album: Post-scriptum, 18 Miniatures pour violon, Hommage à Heifetz et Kreisler. J’en ajouterais volontiers un quatrième, Desserts gourmands. De quoi s’agit-il en effet? Marina Chiche au violon accompagné finement par Aurélien Pontier – dont Utmisol a récemment chroniqué l’excellent disque de Transcriptions et Paraphrases de Liszt - interprète ces petits riens virtuoses excédant rarement quatre minutes qui constituent les bis brillants ou sucrés des fins de récitals. Et c’est un plaisir de goûter à cette carte de dix-huit instants de légèreté, d’apesanteur souriante ou nostalgique où l’auditeur admire moins la technique accomplie qu’il ne savoure le bonheur offert, l’émoi partagé. Après la concentration, la tension du concert, s’exhalent dans ces précieuses bagatelles la liberté apaisée du musicien, la grâce ludique d’une musique sans d’autre ambition que la séduction, sans d’autre fin qu’un extrait d’émotion distillée: ainsi des Mendelssohn, Korngold, Achron, Fauré, Foster. S’en lasse-t-on? Pas une seconde et le miracle de ce disque est de renouveler incessamment la surprise, de susciter constamment le goût du revenez-y, de braver le risque du péché (de gourmandise). Le choix des œuvres et de leur enchaînement y est pour beaucoup, et saluons d’abord la place accordée à Fritz Kreisler (1875 – 1962), brillant violoniste viennois, créateur du Concerto d’Elgar, compositeur de brèves pièces de salon et de centaines d’arrangements, représenté ici par cinq mignardises dont le Joli romarin initial et un Plaisir d’amour raffiné. Son Tambourin chinois offre un dépaysement rythmé d’une exotique fraîcheur. L’hommage au grand Jascha Heifetz (1901 -1987) dont la renommée internationale comme virtuose a parcouru le siècle et perdure par ses enregistrements, se nourrit des arrangements ou transcriptions d’œuvres de Rachmaninoff, Debussy ou Schumann. Qui ne tomberait sous le charme de Jeanie with the light brown hair (Foster/Heifetez)? Et puisqu’il s’agit de séduire et de sourire, on admire l’art des pirouettes finales, signature clin d’œil au bas du tableautin qui parachève l’interprétation d’un Banjo et Fiddle de Kroll, d’une Guitare ou d’un Tambourin. Toutes les pièces réunies, savamment égrenées, ont pour vertu, telle en effet la madeleine proustienne qu’évoque Marina Chiche dans sa présentation, de faire surgir du creux de la mémoire la vignette d’un paysage, le souvenir d’une rencontre, le parfum d’une mélodie de valse (viennoise comme il sied ici). Ces moments musicaux deviennent ainsi joués des précipités de sensations. Ils ne développent ce pouvoir que parce leurs interprètes ont pour les mettre en scène une distinction, une élégance, une finesse de touche, une palette sensitive, un art des nuances les plus délicates, un humour aussi, qui subliment leur maîtrise technique des instruments. Merci à eux, virtuoses subtils et benoîtement complices, de nous inviter à déguster ces petites douceurs qu’en ces temps troublés on savoure avec délice sans une once de culpabilité, la joie au cœur.
Jean JORDY
Écouter un extrait sur YouTube
Publié le 08/07/2020 à 11:11, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.