Philippe Hersant

34 duos
CD Triton.

Comme son nom l’indique ce disque réunit 34 duos. Et mieux encore, sept œuvres pour 2 instruments ou 2 instrumentistes dont les différents mouvements totalisent 34 duos.
On ne présente plus Philippe Hersant. Ce compositeur français contemporain passionné de littérature, poésie et théâtre se tourne volontiers vers la musique de chambre dont cet album est la meilleure illustration.
Examinons ces sept œuvres: la première Porqué llorax pour violon et violoncelle s’inspire d’une vieille chanson sépharade originaire de Salonique. Dorota Anderszewska au violon et Cyrille Tricoire au violoncelle en dessinent le langoureux tourment.
Onze Haïkus pour piano à quatre mains sont de très courtes vignettes illustrant la douce et pointilleuse poésie de Yosa Buson, peintre et poète japonais du XVIIIe siècle dont le duo Mara Dobresco et Nicolas Kruger, les créateurs de l’œuvre, en sont les traducteurs pleins de tact.
Hypnos pour 2 violes de gambe se réfère aux Métamorphoses d’Ovide et peint un étrange nocturne presque menaçant dont Robin Pharo et Ronald Martin Alonso, là encore les dédicataires et créateurs de l’œuvre, se veulent des passeurs d’émotion plus qu’impliqués.
Les Huit duos pour alto et basson sont des miniatures pour ces instruments dont la technique demandée au bassoniste n’effraie guère Gilbert Audin qui, accompagné par son complice Arnaud Thorette, arpente des territoires encore inexplorés.
Strophe pour violoncelle et accordéon, hommage à la musique de Henri Dutilleux, incarne, autour du motif obsédant naissant du violoncelle de Fabrice Bihan et des accords quasi répétitifs de l’accordéon de Philippe Bourlois, une vision torturée de l’univers de son illustre devancier.
Les Onze caprices pour 2 violons, courtes pièces à la monodie obsessionnelle, dans la filiation de Bartok, et titrés selon les récits de Franz Kafka, sont excellemment exposées par Faustine Tremblay et Jan Orawiec.
Enfin, Sur la neige pour clarinette et piano, en référence au premier desRécits de la Kolyma de Varlam Chalamov, dépeint le long calvaire d’un prisonnier marchant vers son goulag sibérien. Florent Héau à la clarinette et Jonas Vitaud au piano y sont très "véridiques".
Ainsi, plus qu’anecdotiques, ces sept œuvres dressent le portrait pluriel d’un créateur inspiré.
Jean-Félix Marquette
Publié le 16/06/2020 à 08:17, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.