Modernisme
Bastien Stil, Sarah Nemtanu
Modernisme. Chostakovitch, Tchesnokov, Liatochinski. Direction Bastien Stil, Sarah Nemtanu violon, Orchestre Symphonique National d’Ukraine. CD Klarthe.
Le programme de ce disque présente d’une part deux oeuvres des années vingt avec une écriture musicale faisant appel à une esthétique d’avant-garde: c’est le cas ici avec la balade pour piano (retranscrite pour orchestre) de Boris Liatochinski.
On peut percevoir dans cette musique le côté expérimental lié à cette époque, avec des contrastes et des dissonances faisant penser à Schoenberg ou Bartok. Liatochinski utilise un thème qu’il va répéter et superposer à d’autres de façon à dérouler un écheveau thématique complexe. Saluons le travail de transcription (cette balade est à l’origine écrite pour piano) pour avoir su garder une lisibilité à cette musique.
L’arrangement orchestral colore très subtilement cette musique, en sollicitant tous les pupitres d’un très bon Orchestre Symphonique National d’Ukraine.
Plus célèbre, la symphonie numéro un de Chostakovitch date de cette même époque. Cette symphonie du jeune compositeur russe contient déjà toutes les qualités que l’on retrouvera dans ses compositions postérieures: sens de l’écriture orchestrale, ironie grinçante (premier mouvement), et peinture d’un tableau sonore grandiose pour le dernier mouvement. Avec les déferlements orchestraux du dernier mouvement, on aurait aimé une direction d’orchestre moins timorée, plus nerveuse.
Le disque comporte également un concerto pour violon écrit par un jeune compositeur russe: Dimitri Techsnokov (né en 1982).
Même si le lyrisme et la beauté du violon de Sarah Nemtanu parvient à nous captiver, il n’en est pas de même pour cette musique: l’enchaînement avec la symphonie de Chostakovitch en est même cruel. Le compositeur regarde beaucoup vers le passé, nous laissant une impression de déjà entendu… Une écriture tonale, flirtant avec le modal, avec des tournures populaires, un orchestre ne servant que d’écrin à la soliste qui soliloque plus qu’elle ne dialogue avec celui-ci. Un second mouvement plus lyrique et mieux inspiré parvient à capter davantage notre attention. Le compositeur nous montre une orchestration plus colorée et surtout plus présente qu’au premier mouvement. (On remarquera au passage la qualité du pupitre des vents de l’orchestre). Enfin, pour le troisième mouvement de ce concerto, nous retournons vers une écriture très conventionnelle aussi bien dans la structure (rondo) que dans l’écriture.
Un cd où modernité ne rime pas forcément avec contemporanéité.
Michel Pertile
Le programme de ce disque présente d’une part deux oeuvres des années vingt avec une écriture musicale faisant appel à une esthétique d’avant-garde: c’est le cas ici avec la balade pour piano (retranscrite pour orchestre) de Boris Liatochinski.
On peut percevoir dans cette musique le côté expérimental lié à cette époque, avec des contrastes et des dissonances faisant penser à Schoenberg ou Bartok. Liatochinski utilise un thème qu’il va répéter et superposer à d’autres de façon à dérouler un écheveau thématique complexe. Saluons le travail de transcription (cette balade est à l’origine écrite pour piano) pour avoir su garder une lisibilité à cette musique.
L’arrangement orchestral colore très subtilement cette musique, en sollicitant tous les pupitres d’un très bon Orchestre Symphonique National d’Ukraine.
Plus célèbre, la symphonie numéro un de Chostakovitch date de cette même époque. Cette symphonie du jeune compositeur russe contient déjà toutes les qualités que l’on retrouvera dans ses compositions postérieures: sens de l’écriture orchestrale, ironie grinçante (premier mouvement), et peinture d’un tableau sonore grandiose pour le dernier mouvement. Avec les déferlements orchestraux du dernier mouvement, on aurait aimé une direction d’orchestre moins timorée, plus nerveuse.
Le disque comporte également un concerto pour violon écrit par un jeune compositeur russe: Dimitri Techsnokov (né en 1982).
Même si le lyrisme et la beauté du violon de Sarah Nemtanu parvient à nous captiver, il n’en est pas de même pour cette musique: l’enchaînement avec la symphonie de Chostakovitch en est même cruel. Le compositeur regarde beaucoup vers le passé, nous laissant une impression de déjà entendu… Une écriture tonale, flirtant avec le modal, avec des tournures populaires, un orchestre ne servant que d’écrin à la soliste qui soliloque plus qu’elle ne dialogue avec celui-ci. Un second mouvement plus lyrique et mieux inspiré parvient à capter davantage notre attention. Le compositeur nous montre une orchestration plus colorée et surtout plus présente qu’au premier mouvement. (On remarquera au passage la qualité du pupitre des vents de l’orchestre). Enfin, pour le troisième mouvement de ce concerto, nous retournons vers une écriture très conventionnelle aussi bien dans la structure (rondo) que dans l’écriture.
Un cd où modernité ne rime pas forcément avec contemporanéité.
Michel Pertile
Publié le 09/06/2020 à 20:02, mis à jour le 12/01/2022 à 21:50.