András Schiff
Franz Schubert sonates et impromptus
András Schiff, Franz Schubert sonates et impromptus. 2 CD ECM new series.
La musique pour piano est sans nul doute au coeur de l’oeuvre de Schubert: là où le compositeur se confie de manière la plus intime à l’auditeur.
Où souvent, tout commence de façon légère, anodine, et tout-à- coup cela s’assombrit, et la musique crie son désespoir comme dans le rondo de la sonate D. 959 (plage 7 du deuxième CD).
Pour cet album, András Schiff a choisi un forte-piano Brodmann de 1820, un instrument aux sonorités rèches et déroutantes au départ, (aigus très aigres dans l’impromptu D. 899) et aux médiums très voilés. Il faut toute la science de interprète pour faire chanter la musique de Schubert sur cet instrument. Le disque commence par le premier impromptus D. 899 et le ton est donné: pas d’affects rajoutés, une lecture pure de la partition, sans la déformer par quelques coquetteries. András Schiff ne veut pas laisser son auditeur dans un paysage sonore confortable mais dans une âpreté, une tension de tous les instants. Une interprétation radicale, qui va au bout de son parti-pris. On peut se poser une question concernant le choix de l’instrument: à force de vouloir trop «décaper» le matériau sonore et de lui enlever sa gangue sentimentaliste, tout cela ne manque-t-il pas un peu de chair?… à chacun de placer le curseur.
Pour ceux que cette vision marmoréenne rebuterait, on peut aussi conseiller sur instrument ancien, la version (certes plus consensuelle) de Andreas Staier ou pour les inconditionnels du piano moderne celle de Radu Lupu.
Michel Pertile
La musique pour piano est sans nul doute au coeur de l’oeuvre de Schubert: là où le compositeur se confie de manière la plus intime à l’auditeur.
Où souvent, tout commence de façon légère, anodine, et tout-à- coup cela s’assombrit, et la musique crie son désespoir comme dans le rondo de la sonate D. 959 (plage 7 du deuxième CD).
Pour cet album, András Schiff a choisi un forte-piano Brodmann de 1820, un instrument aux sonorités rèches et déroutantes au départ, (aigus très aigres dans l’impromptu D. 899) et aux médiums très voilés. Il faut toute la science de interprète pour faire chanter la musique de Schubert sur cet instrument. Le disque commence par le premier impromptus D. 899 et le ton est donné: pas d’affects rajoutés, une lecture pure de la partition, sans la déformer par quelques coquetteries. András Schiff ne veut pas laisser son auditeur dans un paysage sonore confortable mais dans une âpreté, une tension de tous les instants. Une interprétation radicale, qui va au bout de son parti-pris. On peut se poser une question concernant le choix de l’instrument: à force de vouloir trop «décaper» le matériau sonore et de lui enlever sa gangue sentimentaliste, tout cela ne manque-t-il pas un peu de chair?… à chacun de placer le curseur.
Pour ceux que cette vision marmoréenne rebuterait, on peut aussi conseiller sur instrument ancien, la version (certes plus consensuelle) de Andreas Staier ou pour les inconditionnels du piano moderne celle de Radu Lupu.
Michel Pertile
Publié le 26/06/2019 à 22:23, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.