Hugo WOLF
Italienisches Liederbuch
Diana DAMRAU, soprano, Jonas KAUFMANN, ténor, Helmut DEUTSCH, piano, Live recording 18 novembre 2018, CD Warner Classics.
Italienisches Liederbuch est formé de deux recueils de lieds de Hugo WOLF, dont le premier parut en 1891 et le second en 1896 sur des poèmes italiens populaires traduits et publiés par Paul Heyse en 1860. Dix-sept poèmes ont un locuteur masculin, dix-neuf un locuteur féminin, dix ne distinguent pas de genre, nos chanteurs se les partagent. C’est ainsi que les interprètes ont pris l’habitude de distribuer les lieder entre deux voix, masculine et féminine, bien que WOLF n’ait pas laissé d’indications sur ce point. Une autre particularité est celle de n’avoir pas davantage donné d’ordre dans l’enchaînement, ce qui laisse les interprètes libres d’agencer les morceaux comme ils l’entendent, dans le sens qu’ils souhaitent donner à une forme d’échanges où tous les registres romantiques se succèdent, le sentiment amoureux, la mélancolie, la légèreté…
Si WOLF n’est pas le premier compositeur qui vient à l’esprit à l’évocation du lied, il nous laisse pourtant une œuvre importante et fort intéressante dans le domaine de la mélodie. Ce qui marque ici dès les premiers titres, marque de fabrique de notre compositeur, c’est l’importance donnée au texte, plus qu’à la mélodie, bien difficile d’en chantonner une juste après l’audition, ce qui rend l’interprétation d’autant plus difficile. Grande diversité, dans un style récitatif plus souvent que dans le cantabile, nos deux chanteurs nous livrent une bien belle interprétation de ce répertoire exigeant, qu’un public discret, mais dont la présence se laisse entendre, apprécie.
La voix chaude de Jonas Kaufmann fait ici merveille, à l’aise dans une tessiture confortable pour un ténor, laissant place à de superbes notes en demi-teinte, mezza voce, parvenant, sans jamais négliger le texte, à nous livrer une mélodie d’un légato toujours parfait (Nun lass uns Frieden schliessen, Benedeit die sel’ge Mutter).
Diana Damrau est presque plus lyrique, sans jamais trop en faire toutefois. Elle est alors ici plus présente dans l’interprétation que son complice. Sa voix ample joue d’une très belle dextérité vocale là où les tempos sont parfois redoutables. On regrettera néanmoins quelques rares notes aigues double forte qui laissent apparaître un très court instant une voix au timbre dégradé.
L’accompagnement de Helmut DEUTSCH est tout simplement remarquable, il porte avec sensibilité, musicalité et intelligence tant la mélodie que le texte, il mérite à lui seul une standing ovation!
Christophe Bernard
Écouter un extrait:
Italienisches Liederbuch est formé de deux recueils de lieds de Hugo WOLF, dont le premier parut en 1891 et le second en 1896 sur des poèmes italiens populaires traduits et publiés par Paul Heyse en 1860. Dix-sept poèmes ont un locuteur masculin, dix-neuf un locuteur féminin, dix ne distinguent pas de genre, nos chanteurs se les partagent. C’est ainsi que les interprètes ont pris l’habitude de distribuer les lieder entre deux voix, masculine et féminine, bien que WOLF n’ait pas laissé d’indications sur ce point. Une autre particularité est celle de n’avoir pas davantage donné d’ordre dans l’enchaînement, ce qui laisse les interprètes libres d’agencer les morceaux comme ils l’entendent, dans le sens qu’ils souhaitent donner à une forme d’échanges où tous les registres romantiques se succèdent, le sentiment amoureux, la mélancolie, la légèreté…
Si WOLF n’est pas le premier compositeur qui vient à l’esprit à l’évocation du lied, il nous laisse pourtant une œuvre importante et fort intéressante dans le domaine de la mélodie. Ce qui marque ici dès les premiers titres, marque de fabrique de notre compositeur, c’est l’importance donnée au texte, plus qu’à la mélodie, bien difficile d’en chantonner une juste après l’audition, ce qui rend l’interprétation d’autant plus difficile. Grande diversité, dans un style récitatif plus souvent que dans le cantabile, nos deux chanteurs nous livrent une bien belle interprétation de ce répertoire exigeant, qu’un public discret, mais dont la présence se laisse entendre, apprécie.
La voix chaude de Jonas Kaufmann fait ici merveille, à l’aise dans une tessiture confortable pour un ténor, laissant place à de superbes notes en demi-teinte, mezza voce, parvenant, sans jamais négliger le texte, à nous livrer une mélodie d’un légato toujours parfait (Nun lass uns Frieden schliessen, Benedeit die sel’ge Mutter).
Diana Damrau est presque plus lyrique, sans jamais trop en faire toutefois. Elle est alors ici plus présente dans l’interprétation que son complice. Sa voix ample joue d’une très belle dextérité vocale là où les tempos sont parfois redoutables. On regrettera néanmoins quelques rares notes aigues double forte qui laissent apparaître un très court instant une voix au timbre dégradé.
L’accompagnement de Helmut DEUTSCH est tout simplement remarquable, il porte avec sensibilité, musicalité et intelligence tant la mélodie que le texte, il mérite à lui seul une standing ovation!
Christophe Bernard
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Publié le 10/06/2019 à 20:43, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.