Halle aux grains
> 11 mai

Miroirs des joies et des passions

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Photographie par Javier del Real
Josep Pons, direction
Anne Schwanewilms, soprano


À part leur homonymie, rien ne rapproche le viennois Johann Strauss fils du munichois Richard Strauss. Du premier, une de ses valses les plus célèbres Le Beau Danube bleu, qui ouvre le concert, serpente un peu nonchalamment sous la baguette de Josep Pons, toujours accueilli chaleureusement à la Halle aux Grains. Le tourbillon viennois semble un peu éteint malgré l’implication de tout l’orchestre. Du second, Vier letzte Lieder (Quatre derniers Lieder) s’appuient sur le chant imparable d’Anne Schwanewilms, qui a d’ailleurs déjà enregistré ce cycle en 2012 chez l’éditeur Orfeo. Son chant d’un sombre dramatisme qui s’éteint douloureusement dans le doux envol des flûtes dans l’ Im Abendrot final bouscule avec raison l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, qui, à l’image du beau solo de violon de Kristi Gjezi dans Beim Schlafengehen, semble s’échapper alors de la direction empesée de son chef d’un soir. Du second encore, après l’entracte, l’immense poème symphonique Also sprach Zarathustra s’articule ici, dans son fracas nietzschéen, dans un beau désordre souvent à peine maîtrisé par Josep Pons, qui gomme ainsi, quelque peu, la dimension manichéenne de l’œuvre. Malgré tout, le public repu, ne peut que rendre les armes devant cet impressionnant chaos organisé.

Jean-Félix Marquette
Publié le 20/05/2019 à 06:14, mis à jour le 09/09/2021 à 19:45.