TEMPLE DE PENTEMONT
> 25 octobre

L’Archange & le Lys : Messe & motets d’Antoine Boesset

Photos B. Cuiller et S. Lenormand
L’ensemble Correspondances – Sébastien Daucé

C’est dans le très beau temple de Pentemont, ancienne chapelle de l’abbaye du même nom construite au XVIIIe siècle, que l’ensemble Correspondances nous a offert en concert son très beau programme qui vient de faire l’objet d’un CD, chroniqué il y a peu par nos soins: l’Archange et le Lys.

Les pièces sacrées proposées ici sont toutes issues d’un manuscrit exceptionnel par sa rareté, se trouvant à la BNF: le manuscrit Deslauriers. Si elles ne sont pas signées, certaines ont pu être attribuées à Antoine Boesset, l’un de ces compositeurs du premier XVIIe qui a fait de l’air de cour, un bijou rare et précieux. Son répertoire sacré qui avait été perdu, a donc été retrouvé, grâce à la passion de Sébastien Daucé. Qu’il en soit d’autant plus remercié que l’interprétation qu’il nous en offre, avec son ensemble Correspondances, tant au disque qu’au concert est tout simplement splendide. Entre humilité et ferveur, ils nous restituent avec flamboyance le chant extatique des religieuses de l’Abbaye de Montmartre qui ont pu interpréter ces œuvres, elles qui eurent pour maître de chant et compositeur Antoine Boesset.
Les 4 chanteuses font résonner en nous le cœur même de cette musique, qui touche à l’intime et qui pourtant nous emporte vers les sphères. Les timbres sont tous forts beaux. On remarque tout particulièrement celui du contralto Lucile Richardot, tant les graves sont assurés avec une longueur de souffle qui lui permet des nuances d’une infinie variété, entre force incantatoire et soupir doloriste. Mais les autres chanteuses ne sont pas en reste (Caroline Bardot et Juliette Perret, dessus et Marie Pouchelon, Bas-dessus) et leurs voix se mêlent en une union de feu et de glace pour mieux exprimer dans cette reconstitution d’une messe mariale, cette extase (et cette foi charnelle et sensuelle) baroque.
Les musiciens nous offrent une basse continue de pourpre et d’encens. Les flûtes aux parfums suaves, les violes aux voix lumineuses, le théorbe dont l’onde s’écoule comme les larmes et la fluidité des jeux de l’orgue positif, tendre et onctueuse soutiennent les 4 chanteuses avec générosité.
Pas de doute l’ensemble Correspondances est à suivre, tant musiciens et chanteurs se sont engagés avec talent par leur curiosité et leur passion à défendre des répertoires trop rarement donnés et dont la beauté est à couper le souffle.

Monique Parmentier
Publié le 02/11/2011 à 09:01, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.