Salle du Sénéchal Toulouse
> 14 mars

Cordes et âmes pour Borodin et Debussy

Les 4 artistes de ce quatuor tout jeune composé d’instrumentistes de l’Orchestre du Capitole (Charlotte Lederlin, Mary Randles, violons, Isabelle Mension, alto, et Blandine Boyer-Terrieux, violoncelle) ont fait passer un très agréable moment à la soixantaine de membres d’Ut Mi Sol présents. Le 2e quatuor de Borodin est l’occasion d’une sorte de charmant voyage musical, tant cette musique est parlante et imagée. Démarrant en douceur, l’allegro moderato nous emmène dans quelque vaste plaine dont le calme s’interrompt exceptionnellement, avant que le scherzo évoque une rêverie devant un beau paysage, aménagé et sauvage à la fois. Le nocturne, c’est toujours la nature, on croit entendre un rossignol, puis comme si on s’approchait d’une vaste datcha, ce sont les échos d’un bal qui emplissent les oreilles. Le finale est une occasion de revenir à la réalité en raison d’une composition plus abstraite. Les 4 musiciennes réussissent cette restitution entre rêve et quotidien avec beaucoup de finesse et de sensibilité. On retrouve ces qualités dans le premier quatuor de Claude Debussy, plus cérébral malgré des indications du compositeur qui se situent toutes sur le terrain des sentiments. C’est l’occasion pour les quatre interprètes de donner une belle démonstration de techniques diverses allant de legato tout en douceur à des pizzicati débridés qui débouchent de manière fugitive sur des sonorités que ne renieraient pas certains compositeurs d’Europe centrale, elles aussi évocatrices de nature: sont-ce les ailes lourdes et sombres de hannetons ou au contraire celles, irisées, des libellules? Dans le 4e mouvement, «très modéré» puis «très mouvementé avec passion», la violoncelliste est au cœur d’un crescendo très entraînant de vagues chargées d’émotion.
Bref, un bon lundi!

Danielle Anex-Cabanis
Publié le 17/03/2011 à 11:32, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.