Beata est Maria

Marc-Antoine Charpentier
Motets à trois voix d’homme
Les Passions, direction Jean-Marc Andrieu


Dans la ligne de la Contre-Réforme, au moment où le Royaume de France se prépare à signer l’acte de décès du protestantisme, Charpentier rentre d’Italie et met son talent de compositeur au service du culte marial, alors en plein essor. Les pièces choisies ici illustrent bien cette orientation, ce qui suppose d’entrer dans un univers bien particulier, celui de militants d’une cause dont l’Etat est l’acteur principal. Faut-il crier à l’œuvre de circonstance, sans doute non, mais à un certain conformisme dont les Français ont le secret et cela tout particulièrement au temps du roi Soleil. La foi des Espagnols était ardente, celle des Italiens chatoyante et leur musique en était le reflet. Charpentier doutait de l’accueil que l’on ferait à ses compositions et parfois les publiait sous un nom italien… tout cela pour dire que le choix de Jean-Marc Andrieu et des Passions n’était pas exempt de risque. Le résultat est un pari largement gagné.
L’interprétation des Passions est tout à fait convaincante: voix et instruments sont en parfaite harmonie, servis par le cadre acoustique de très grande qualité de l’abbatiale de Sorèze. La direction est extrêmement précise, peut-être un peu froide. Mais c’est plus du fait de la musique elle-même que de la responsabilité des musiciens; cela pose en fait la question cruciale de la résurrection de certaines partitions anciennes, intellectuellement intéressantes, mais peut-être moins porteuses d’émotions.

Danielle Anex-Cabanis

1 CD Ligia
Publié le 07/11/2011 à 11:42, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.