Didon et Enée de Henry Purcell

La nouvelle Ménestrandie et la Cappella Mediterranea
Leonardo Garcia Alarcon, direction

Didon et Enée de Henry Purcell est un chef-d’oeuvre absolu: équilibre entre les parties orchestrales, chorales ou solistes, éloquence du discours induisant le drame à venir et pureté de l’écriture. La nouvelle Menestrandie (orchestre à cordes avec vents) et la Cappella Mediterranea (choeurs et solistes) dirigés par Leonardo Garcia Alarcon restituent magistralement cet opéra de chambre. Le choeur particulièrement précis et subtil génère une belle homogénéité sonore entre les voix graves et aigües. Ce choeur répond ainsi aisément à la baguette exigeante du chef. L’orchestre efficace et coloré, tantôt énergique (danse des fées très bondissante) ou dense (puissance de la mort de Didon) colle avec superbe au texte. Solenn’Lavanant Linke est une Didon magistrale avec un réel dramatisme dans la voix. Le fameux air "When I’m laid in earth" nous procure quelques frissons. Enée, Alejandro Meerapfel ne démérite pas dans une interprétation émotionnellement grandissante jusqu’à la fin du second acte I could die d’une rare intensité. Les deux héros nous livreront un duo final poignant. Après un départ un peu imprécis, Fabian Schofrin en magicienne ajuste sa voix et Yeree Suh en Belinda témoigne d’une agilité et d’une pureté vocales exemplaires.
Seulesles deux sorcières s’exprimant avec des voix volontairement nasillardes et acides détonnent quelque peu.
Le sarcasme du texte ne suffit-il pas?
La jeune génération baroque a du savoir-faire et du talent, elle le prouve ici.

Anne Grafteaux-Géli

1 CD Ambronay éditions

Publié le 17/01/2011 à 11:35, mis à jour le 26/01/2019 à 19:35.